Je ne suis pas d’ici

Hugo Hamilton est né à Dublin en 1953, d’une mère allemande et d’un père irlandais. Journaliste de talent, il se lance très vite dans l’écriture de nouvelles et de romans. Il devra attendre la parution de Sang impur (prix Femina étranger ; Phébus, 2004) pour être reconnu comme l’un des plus grands auteurs de son pays. « Vous avez une drôle de façon de pratiquer les choses, ici. Comme l’amitié, par exemple. Personne ne pratique l’amitié comme vous la pratiquez dans ce pays. Elle déboule de nulle part. Sans demi-mesures. Tout ou rien. J’ai connu des endroits où l’amitié se cultivait patiemment, avec un soin jaloux, comme le jardin d’un balcon. Ici, on a l’impression qu’elle pousse à l’état sauvage. » Originaire de Belgrade, menuisier, Vid est venu en Irlande pour oublier sa patrie et recommencer à zéro. Profondément altruiste, le jeune homme est également naïf et provoque catastrophe sur catastrophe. Lorsque Kevin le fait entrer dans son intimité et celle de sa famille uniquement parce que Vid a trouvé son portable dans la rue, Vid décide de l’aider à régler ses problèmes. Leur amitié ne s’est-elle pas muée en un lien indestructible ? Bientôt, Vid sait tout sur Kevin, et réciproquement. Ils se soûlent ensemble et finissent dans des endroits où ni l’un ni l’autre n’ont jamais mis les pieds auparavant : n’est-ce pas le signe de la plus parfaite amitié ? Vid n’est peut-être qu’un invité sur le sol irlandais, mais il est déterminé à jouer son rôle en tant qu’habitant ordinaire de ce pays. Son désir de faire le bien, pourtant, ne va récolter que haine et vengeance. Bientôt, il ne lui restera plus qu’à passer en revue mentalement tous les bons souvenirs qu’il a conservé de Kevin : pour ce dernier, les hostilités sont déclarées. Portrait incisif d’un Serbe déraciné en Irlande, Je ne suis pas d’ici est un roman poignant, drôle et mélancolique dont l’originalité consiste surtout dans l’imprévu de ses traits et ses subtiles dissonances. Vid Cosic est un jeune Serbe de Belgrade, charpentier de métier, venu chercher un travail à Dublin. Dès son arrivée en Irlande il noue une amitié, très alcoolisée, avec un avocat, Kevin Concannon, à qui tout semble réussir, mais qui est résolu à taire le chaos familial dans lequel s’est déroulée son enfance. Immigré doué pour l’espoir, un peu naïf, Vid Cosic croît en l’avenir de l’espèce humaine et ne songe qu’à faire le bien autour de lui. Cette amitié représente pour lui une chance d’appartenir à un nouveau peuple, mais elle sera la source de mille catastrophes, bagarre avec un électricien raciste, incendie de l’entrepôt où Vid travaille, colère plus qu’agressive de Kevin quand il apprend que Vid tente de le rapprocher de son père, un violent notoire. Décidément la bonté et l’altruisme, quand c’est Vid qui les pratique, n’ont pour écho que haine et vengeance.