La doctrine du pur amour

Lorsque Bossuet réussit à faire mettre au cachot de la Bastille Madame Guyon, l’institution cléricale gagna la bataille qu’elle menait contre la spiritualité. La théologie prit alors le pas sur la mystique. Le temps des saints qui avait traversé tout le XVIIe siècle français s’acheva. Pourtant comme le montre ici Roger Parisot, le XVIIe siècle ne fut pas d’abord marquant par le style de son esthétique, ni les qualités de son théâtre, et encore moins par le triomphe de la monarchie absolue. Ce qui en éclaire le mieux la nature profonde, et peut-être secrète, est d’ordre spirituel et religieux. S’y développa un mouvement de rénovation de la foi et un parachèvement de l’essor de la vie mystique et contemplative, faite de renoncement à soi et d’abandon à Dieu, dont l’acmé est la doctrine du Pur Amour. Cette doctrine est tout autant abandon confiant à la Providence, que relation existentielle avec Dieu. Il s’agit d’un « pur » amour de Dieu, au sens de « désintéressé », de « gratuit », de « généreux », et de « bénévole », dont les premières manifestations apparaissent avec Saint François de Sales, s’affirment avec Fénelon et Madame Guyon, que cet ouvrage voudrait réhabiliter. Pascal, s’il ne fut pas un adepte déclaré de ce mouvement, par le choix qu’il accorda toujours au coeur sur la raison, à l’ordre de la Charité sur celui des esprits, à la Grâce sur la nature, et finalement à l’aimer sur le savoir, en est l’un des chantres éminents.