La maison du juge – Une enquête du commissaire Maigret

Georges Simenon, l’homme aux quatre cents livres ! Personnage excessif, père du célèbre Maigret et d’une importante ouvre romanesque, Simenon restera l’un des romanciers majeurs du XXe siècle dans le genre policier. « Je n’ai pas averti la police. J’ai gardé le cadavre dans la maison pendant trois jours. J’ai attendu que la marée fût favorable pour m’en débarrasser de nuit, furtivement, comme un assassin. Pourtant, je vous dis l’exacte vérité. Je n’ai pas tué cet homme. Je n’avais aucune raison de le faire. J’ignore absolument pourquoi il est venu dans ma maison. J’ignore s’il s’y est introduit vivant ou si on l’a apporté mort. » Nommé commissaire central à Luçon, en Vendée, où il s’ennuie ferme entre deux parties de billard, Maigret n’est pas mécontent de cette histoire de cadavre découvert dans la maison du juge qui le change de l’ordinaire. Il y a à Luçon un calme si écrasant qu’il avait jusque là l’impression de vivre au ralenti. Le plus extraordinaire dans cette affaire, c’est que rien ne semble jamais tragique pour personne et que le juge clame son innocence sans manifester la moindre horreur devant la situation. Entre des secrets de famille bien gardés, un village de pêcheurs méfiants et un couple de petits vieux qui jouent les apprentis détectives, Maigret va enfin pouvoir donner libre cours à ses instincts de fin limier. Quelque chose dépasse ici le simple fait divers, et il se fait un devoir de trouver quoi exactement. « La « chansonnette », comme on dit au Quai des Orfèvres, allait commencer. » C’est enlevé, parfois enjoué, et l’on frémit souvent à la lecture de ce roman grinçant, piquant comme une dragée au poivre. Une enquête « à l’ancienne » qui a de quoi captiver. Tombé en disgrâce sans trop savoir pourquoi, Maigret a été nommé en Vendée où il s’ennuie. Un jour pourtant, un douanier qu’il connaît lui envoie sa femme pour signaler la présence d’un cadavre dans la maison de leur voisin, un ancien juge en retraite. Maigret arrive dans un village de pêcheurs méfiants, obéissant à ses propres règles et faisant front devant l’étranger. Ce que Maigret va découvrir à force de patience dépasse le simple fait divers. Le juge ne nie pas. Il y avait bien un mort chez lui dont il a voulu se débarrasser à la faveur de la marée. S’il n’avait jamais vu la victime et ne sait pas comment ni pourquoi l’inconnu est venu se faire tuer chez lui, le petit homme, remarquable de calme et de distinction, a bien d’autres choses à raconter…