L’Empire des émotions : Les Historiens dans la mêlée
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À l’heure où les émotions envahissent la politique et l’histoire, comment garder la tête froide ? L’entrée des témoins sur la scène de l’histoire, et parmi eux des victimes, a laissé libre cours aux émotions. Les controverses sur les lois mémorielles illustrent la confusion actuelle entre histoire et mémoire. Christophe Prochasson appelle à la vigilance : l’histoire ne doit pas se laisser envahir par l’émotion mais dégager la relation au passé de son enveloppe sentimentale. Un essai critique indispensable pour mettre les émotions à leur juste place dans la fabrique de l’histoire. CHRISTOPHE PROCHASSON, historien, directeur d’études à l’EHESS, est auteur de nombreux ouvrages. Il est spécialiste de l’histoire politique et culturelle de la France contemporaine. Extrait du livre : L’âge des émotions Quand on a pitié, on pleure et déjà les larmes voilent les yeux. Et puis, on met son bras devant sa tête. Et on ne voit plus la misère. Et on n’est pas tenté de s’indigner. Léon Werth Qui l’eût cru ? L’âge de la technique et de la rationalisation économique est aussi celui des émotions. Si le romantisme peut se définir comme un moment où le sentiment s’invite dans le concert de l’expression légitime et fonde la plupart des actions sociales et politiques, alors l’entrée dans le XXIe siècle présente tous les traits d’un âge néoromantique. La célèbre formule de Malraux anticipant sur les racines religieuses du siècle à venir, le nôtre, trouve ici une résonance nouvelle. La logique des intérêts qui semblait organiser nos sociétés se masque de celle des émotions. Tout se défend et se vend au nom d’un capital affectif supposé. Ainsi surgissons-nous, comme en témoigne notamment le déluge médiatique dans lequel nous nous trouvons tous pris, au milieu du grand marché des passions que définit un nouveau capitalisme des affects. Les larmes coulent sans vergogne, y compris sur la joue des hommes d’État. Elles scintillèrent, par exemple, récemment dans les yeux de plusieurs responsables politiques «émus» par les nouvelles fonctions qui leur revenaient : l’installation du gouvernement français au printemps 2007 a constitué une illustration presque risible de cette frénésie d’émotions. Le recours à l’histoire contemporaine pratiqué par le nouveau président de la République emprunta les mêmes voies. Lors des cérémonies qui marquèrent sa prise de pouvoir, le 16 mai 2007, Nicolas Sarkozy fit donner lecture de l’un des écrits les moins politiques de l’histoire de la Résistance : la lettre adressée par le jeune communiste Guy Môquet à sa famille, rédigée peu avant son exécution. Un document analogue, le «testament de Marc Bloch», presque contemporain, qui allie une densité émotionnelle forte à un contenu politique, n’a pas retenu l’attention du nouvel élu. Peut-être par négligence, il est vrai. Dans la lettre du jeune Guy Môquet, il n’est pas une ligne politique, mais de l’émotion à l’état brut. Dans son grand texte écrit le 18 mars 1941, Bloch déplie, au contraire, toute une conception de la nation qui n’a pas perdu une once d’actualité. Il y défend notamment – avec quelle intelligence – l’alliance raisonnée d’une appartenance familiale juive qu’il ne renie pas avec un sentiment patriotique qu’il revendique fortement. Réponse subtile aux débats stériles où s’affrontent aujourd’hui «universalistes» et «communautaristes». Extrait de l’introduction
Disponibilité : 1 en stock
ISBN 13 : 9782354570163
ISNB 10 : 2354570163
Nombre de pages : 255
Éditeur : Demopolis
État du livre : bon état
Reliure : broché
Poids : 362 gr
Largeur : 15.49 cm
Longueur : 22 cm
Épaisseur : 2.01 cm
Auteur : Christophe Prochasson
L’édition livrée peut éventuellement différer de celle commandée.
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