L’Origine des génies

LA DEDICACE DE L’AUTEUR : Qu’est-ce qui fait qu’un homme ou une femme est un génie ? Quand vous regardez un tableau de Michel-Ange, quand vous écoutez une chanson des Beatles, quand vous lisez un livre de Hugo, de Freud ou de Voltaire, quand vous regardez les découvertes de Pasteur, d’Einstein, de Poincaré, de Champollion, quand vous voyez un film de Charlie Chaplin, enfin quand vous voyez ce qu’a fait Churchill, vous êtes saisi d’admiration : comment et d’où, de quelle famille en particulier, ces génies ont-ils émergé ? Ce livre apporte quelques réponses. Et d’abord, qu’est-ce qu’un génie ? J’ai défini quatre critères, à partir desquels se dégagent 350 génies, depuis 450 ans en Occident. Le génie doit avoir créé une oeuvre, qui a transformé le monde ou notre façon de voir le monde, il est souvent précoce, souvent travailleur, et ou polyvalent ou profond. Dans ma liste, beaucoup seront considérés comme génie par tout le monde, mais d’autres non : aussi, le lecteur peut-il dans le livre, à partir de ces critères, modifier ma liste à son gré. Beaucoup des génies sont français, beaucoup sont allemands, à la Renaissance, beaucoup sont italiens, bien sûr : de siècle en siècle, les génies ne naissent pas toujours au même endroit : c’est le hasard, c’est la ville, c’est souvent dans des pays riches, mais c’est aussi en raison de la présence d’autres génies, qui attire : ainsi les écoles suscitent le génie, l’école des impressionistes, par exemple, ou les découvertes de la mécanique quantique au début du 20ème siècle. Un génie sur deux est issu d’un milieu supérieur, un sur quatre d’un milieu populaire, un sur six n’a pas dépassé l’école primaire : ces derniers se sont faits tout seuls. Beaucoup d’écrivains géniaux sont orphelins, orphelins de père en particulier ; pourquoi ? Il y a, en fait, deux types de génies, le génie éclatant, qui n’a besoin de rien ni de personne pour l’être ; et puis au contraire, le génie potentiel, qui a eu besoin d’un environnement, du hasard, de la chance, qui est révélé par les circonstances : sans elles, il ne l’aurait pas été. Au total, une plongée dans les plus grandes oeuvres, les plus grands esprits de l’humanité. Passionnant, du moins je l’espère. (Claude Thélot) Pourquoi telle femme, tel homme deviennent-ils ce que nous appelons un “génie”? Claude Thélot s’est posé la question en contemplant le plafond de la chapelle Sixtine. Puis il s’est mis au travail, en sociologue et en homme de culture. Sur les 450 dernières années, et en se limitant à l’Europe, à l’Amérique et à la Russie, l’auteur a retenu 350 noms. La plupart font l’unanimité: Einstein, Léonard de Vinci, Shakespeare, Beethoven, Picasso, Marie Curie, etc. Mais le choix de certains est fatalement plus arbitraire. Libre à chaque lecteur de compléter la liste. L’essentiel, démontre Claude Thélot, est que ces variations du palmarès ne modifient en rien les tendances fortes. La moitié des génies sont issus d’un milieu supérieur, le quart d’une famille populaire. Le génie est urbain, très rarement paysan. Les artistes et les inventeurs sont fréquemment d’origine populaire, les intellectuels parfois, les génies de l’action jamais. Il arrive que le génie “se fasse” tout seul. Et quatre fois sur cinq, il s’affirme dans un domaine nouveau par rapport à l’héritage familial. On s’amusera à noter l’abondance des fils de pasteur, et aussi la profusion d’orphelins. Et l’on verra, finalement, se profiler deux grandes silhouettes. Le génie précoce, éblouissant, qui aurait jailli quelles que soient les circonstances. Et le génie qui n’aurait pas éclos sans son environnement, voire sans un coup de chance. “J’espère, conclut Claude Thélot, que ce livre sera aussi agréable et instructif à lire qu’il le fut à écrire.” Pari gagné. L’idée en était géniale.