À la recherche de Sunsiaré

Le 28 septembre 1962, Roger Nimier trouvait la mort au volant de son Aston-Martin aux côtés d’une jeune femme éblouissante, Sunsiaré de Larcône. Elle venait d’inaugurer sa carrière littéraire quelques semaines plus tôt avec un premier roman, La messagère, aux Éditions Gallimard. Fasciné par ce prénom hors du commun, Lucien d’Azay est parti sur la piste de Sunsiaré. Il a reconstitué la vie longtemps banale d’une jeune Vosgienne montée à Paris, où elle multiplia les petits métiers sans gloire avant de conquérir le monde des lettres. Il a retrouvé nombre de ceux qui l’ont connu, à qui elle tourna la tête et qui, pour beaucoup, sont encore sous son charme près d’un demi-siècle plus tard – tel Julien Gracq. Il a cherché à comprendre d’où lui venait, au-delà de sa beauté, cet exceptionnel don de séduction. À travers un questionnement à la Modiano et les réponses des témoins, Lucien d’Azay fait bien plus qu’œuvre d’enquêteur ou de biographe : il restitue toute une époque encore très proche et qui pourtant semble désormais à des années-lumière – et la femme réelle devient aussi improbable et fascinante qu’un personnage de roman. Sunsiaré de Larcône était une jeune femme spirituelle, extravagante et très belle. Elle avait vingt-sept ans et venait de publier son premier roman, La Messagère, quand elle se tua avec Roger Nimier à bord d’une Aston-Martin. C’était le 28 septembre 1962. La France était encore sous le choc de la guerre d’Algérie, ce qui n’empêchait pas la jeunesse de danser le twist et de rouler à tombeau ouvert. Le charme de cette époque romantique et déchirée ne cesse de nous fasciner. J’ai mené cette enquête sur la vie de Sunsiaré de Larcône comme si toutes les facettes de sa génération se reflétaient en elle. Une vie que menaçaient le silence et l’oubli, malgré la trace fulgurante qu’elle a laissée dans le monde de la mode, des lettres et du cinéma. Car elle est passée aussi vite qu’une étoile filante. Une passagère à Paris. L. d’A.