Adieu, mon unique

Le philosophe et théologien Abélard est déjà célèbre lorsqu’il rencontre Héloïse, jeune fille singulièrement intelligente et cultivée. Ses propos audacieux, libres de tout dogmatisme, attirent de toutes parts une foule de clercs, et cristallisent les passions et les haines. Le prestige de cet homme adulé et craint incite le chanoine Fulbert à le choisir comme professeur particulier de sa nièce Héloïse ; mais il est alors loin de se douter que l’échange de savoirs va être réciproque. Ensemble, le professeur et l’élève découvrent l’amour, un amour irrépressible et insatiable, dont la fulgurance est brisée nette par la vengeance cruelle d’un Fulbert humilié, qui décide d’ordonner la castration d’Abélard. De ce terrible supplice naît une dissonance entre les amants : tandis que lui fait acte de repentance et se tourne vers la religion, elle, au contraire, demeure fidèle à son coeur, y compris lorsqu’elle est nommée abbesse au Paraclet. Antoine Audouard choisit de faire raconter ces amours devenus légendaires par Guillaume d’Oxford, disciple loyal d’Abélard et amoureux silencieux d’Héloïse. À travers son regard, nous nous trouvons plongés dans l’ambiance de cette France du XIIe siècle, loin des clichés sur l’obscurantisme du Moyen Âge. Le silence des retraites alterne avec les rumeurs d’un Paris en constante évolution. Un cri pourtant domine : celui d’Héloïse, amoureuse moderne qui assume son désir jusqu’au bout. –Nathalie Gouiffès En racontant cette histoire à la première personne, l’auteur avait pourtant choisi le moyen de donner vie à son récit. Le narrateur, Guillaume d’Oxford, est un élève d’Abélard qui vient élargir à la forme d’un triangle la ligne droite habituellement tracée entre Héloïse et Abélard. Mais cet homme pessimiste, amoureux fou d’Héloïse, est l’angle obscur de la relation. Lui qui se définit surtout par ce qu’il n’est pas vivra dans l’intimité de ces deux êtres sans être jamais vraiment vu d’eux, ni de l’histoire – sauf indirectement : pour la cause du roman, l’auteur part du postulat que ce Guillaume aurait écrit la magnifique correspondance que l’on attribue à Héloïse et Abélard. Le développement de cette relation fait partie des plus belles réussites du livre, surtout dans ses aspects bancals … C’est lorsqu’il épure qu’Antoine Audouard est le meilleur. La dernière partie du livre en donne la démonstration, preuve d’un talent qui ne demande qu’à se libérer d’une excessive révérence pour la forme classique et la beauté comme but ultime. Car mon cœur n’est pas avec moi mais avec toi Et s’il n’est pas avec toi il n’est nulle part… Il est le maître de philosophie le plus célèbre du XIIe siècle. Elle est son élève la plus douée. C’est lui qui la séduit mais c’est elle qui lui révèle l’amour. Bafoué, l’oncle de la jeune fille exerce sur Abélard une vengeance atroce. Des années plus tard, les deux amants séparés échangent quelques lettres dont les mots sont restés célèbres… Tandis qu’Abélard tente de donner un sens religieux à son humiliation, Héloïse lance un cri de révolte et d’amour. Et quand il est abandonné de tous, c’est encore vers elle qu’il se tourne… Le roman seul pouvait nous permettre d’approcher le mystère de cet amour unique. Antoine Audouard restitue avec brio l’incroyable vitalité de l’époque, loin des clichés sur la nuit médiévale. L’histoire d’Héloïse et Abélard brûle à travers les siècles. Leurs mots sont les nôtres, la violence de leurs sentiments nous est familière. Abélard – frère de tout homme. Héloïse – sœur de toute femme. Dans la France du XIIe siècle brille Pierre Abélard, philosophe admiré de tous. Héloïse, la ravissante nièce du chanoine Fulbert, vient suivre les cours du maître, et devient vite son élève la plus douée. Bientôt, l’amour les consumera, rendu impossible par la cruelle vengeance du chanoine. Seules les lettres permettront à la flamme des amants de luire au-delà de l’absence. Antoine Audouard fait revivre la société du Moyen Age dans toute sa richesse et sa complexité, avec une grande justesse. Il nous rapproche plus que jamais des personnages de cette magnifique histoire d’amour. Racontée à travers la plume du “disciple aimé” d’Abélard, l’histoire d’une passion qui traverse les siècles et dans laquelle chacun continue de se reconnaître.