Allah superstar

LA DEDICACE DE L’AUTEUR : Amies lectrices, amis lecteurs, Tout d’abord, merci d’être mes amis. Les amis sont si rares parmi les intimes, alors des amis inconnus ça compense, en particulier les lecteurs. Si mon nouveau roman est facturé 17 euros, il ne les vaut certainement pas. Le vrai bonheur est gratuit, et mon livre, c’est que du bonheur. Je poursuivrai en disant qu’ “Allah superstar”, car tel est le titre islamo-situationniste (racoleur) de mon roman, est un yaourt de saison (une bouillie indigeste) avec dedans de vrais morceaux de vie, de fantasme, de mort (provocation, vulgarité, démagogie). Mais quel que soit l’angle d’attaque, cela demeure un produit frais, même s’il est cueilli sur quotidien largement carbonisé. L’ensemble est indéniablement rigolo, musical, funky et juste ce qu’il faut crétin pour régresser avec délice au creux des reins de notre époque frigide. En conclusion, garde à l’esprit, amie lectrice, ami lecteur, qu’entre les 700 romans de la rentrée, “Allah superstar” est assurément le seul qui ait été taillé sur mesure pour toi. Oui, tu as bien lu. Grâce à ce procédé révolutionnaire, développé durant trois années d’ascèse dans mon laboratoire parisien, je suis aujourd’hui en mesure de mettre à ta disposition un texte particulièrement plaisant et fluide, dont le sens profond varie en fonction de chaque profil de lecteur-acheteur (le procédé n’opère pas en bibliothèque, avis aux pique-assiettes). Qui que tu sois, tu en auras pour ton argent et tu kifferas ta race. Dans le cas contraire, tu m’auras prouvé ton amitié. Au pire, oublie tout ça et n’en parlons plus. C’est pas les sujets qui manquent. Merci et bonne nuit. (Y.B.) Auteur d’un excellent triptyque algérois publié aux éditions Lattès entre 1998 et 2001, Y.B publie un quatrième roman au vitriol à l’intersection dangereuse de la société du spectacle et de la politique. Explications : Kamel Hassani, jeune beur de banlieue âgé de dix-neuf ans, a envie de réussir dans la vie. Et que désire-t-on aujourd’hui en France quand on veut réussir dans la vie ? Ben, devenir une vedette, cela semble logique, comme en témoigne quotidiennement les programmes de télévision, mix incessant de télé-réalité et de radio-crochets high-tech. Donc, Kamel Hassani veut devenir une star. Cool. Il y parviendra. Ou du moins il aura la possibilité de le devenir en montant un projet comique où il incarne ni plus ni moins que le Oussama des Guignols de l’Info. Gonflé, quand même ! Mais est-ce du lard ou du cochon ? De quoi en tout cas énerver quelques barbus et s’attirer une fatwa… Livre grinçant qui manipule le rire comme une arme politique à double détente, Allah Superstar est une fiction qui entre en guerre. En guerre contre le monde bien réel du show-business, du simulacre et du racisme à la française. Il brille par l’ambiguïté de la voix virulente de l’animal comicus qui se fait appeler Kamel Léon, paumé lucide (et lucide déchet social d’une France qui n’est jamais parvenue à donner accès à la parole publique aux rebuts de sa politique d’intégration) qui sait d’instinct que le rire, ce n’est pas fait uniquement pour fabriquer de l’argent et de la gloire. Non, c’est beaucoup plus sérieux que ça…. « Une fatwa, voilà ce qu’il me faut pour devenir à la mode. C’est plus rapide que Star Academy, ça dure plus longtemps, tu voyages dans le monde entier, tu donnes des conférences, tu descends dans des palaces, tu montes sur scène avec U2, tu prends le thé avec le pape, une bière ou deux voire trois avec Chirac, une vodka givrée avec Poutine, un cigare humide avec Clinton, une grosse ligne avec Bush Junior, un masque à gaz avec Saddam Hussein, à chaque fois que tu dis une connerie tout le monde entier il t’écoute vu que tu as une fatwa au cul le pauvre, alors que le monde entier il est autant dans la merde que toi vu que c’est bientôt la fin du monde pour tout le monde. »