Avis Déchéance

LA DEDICACE DE L’AUTEUR : – Paraît que l’humour est une façon de pleurer sans déranger les larmes… C’est une phrase qui définirait bien le commissaire Benarous. – Rien d’vraiment original, soupira Philou, un vieux passager du comptoir. Ton flic est comme tout l’monde : un sac de noeuds à ciel ouvert. – Bois un coup sur mon compte Philou et laisse-nous bosser ! – C’est pas d’refus, lança Philou avec un clin d’oeil. Faut pas l’écouter m’dame, c’est un baratineur de première. – Il est vraiment lourd ce soir ! Voilà, on peut reprendre. C’est bon le magnéto ? D’accord… Hum ! Hum ! Revenons donc au commissaire Benarous. Englué dans l’amour familial et la passion pour sa ville, mon personnage slalome entre le doute et l’incertitude. Sa mère ne cesse de lui demander de changer de boulot, son jeune frère le pousse à quitter la police pour sculpter… Sans oublier ce point d’interrogation planté dans la chair du personnage : un papa-mirage envolé 25 ans plus tôt. Une absence qui profite de la moindre faille pour tendre ses filets. Et pour pimenter le tout, mon personnage se trimballe un double. Un écho déformant qui parasite la moindre de ses actions et… Vous voyez, comme une espèce de… – Tu t’prends trop la tête avec ton personnage ! m’engueula Philou revenu à l’abordage du guéridon. Laisse-lui vivre sa vie peinarde. – Merde ! Laisse-nous bosser, Philou ! – Mais lâche-leur un peu les ondes ! s’esclaffa Philou avant de commander un dernier rêve pour la route. (Mouloud Akkouche) À Batreuil, une ville de la banlieue parisienne, un Portugais est découvert assassiné dans son appartement. Nassima Benarous, commissaire principal, secondée par l’inspecteur Gauthier, est chargée de l’enquête. La victime travaillait pour la société de gardiennage Euro-Plus qui a des antennes bien au-delà de France. Durant la même période, Manu, un jeune toxicomane en cure dans une ferme biologique du Lot aux thérapies très étranges, s’évade pour une cavale insensée avec à ses trousses de curieux chiens de garde. Construite en deux récits alternatifs, cette première enquête de Nassima ménage en permanence le suspense et sa chute inattendue rappelle l’univers de Georges Jean Arnaud. Qu’une femme d’origine maghrébine soit l’héroïne d’un roman noir est en soi une nouveauté et son portrait s’avère particulièrement réussi. Mouloud Akkouche a su la cerner dans sa fonction d’enquêteuse, sans occulter ses problèmes de femme ni ses difficultés, coincée entre deux cultures, à assumer son identité. –Claude Mesplède Etre flic n’est pas une sinécure. Surtout quand un double ne cesse de vous offrir des tournées de doute. En plus, voilà que vous héritez d’un assistant qui ne rêve que d’une chose : devenir caniche à la place du caniche. Sinon, les morts continuent de mourir, les vivants de mentir, et les autres cherchent la sortie de secours.