Confessions d’un baby-boomer

Ardisson, soyons franc, c’est quand même le petit génie des vingt dernière années de la télé française. Si on peut lui reprocher certains dérapages personnels (notamment une ridicule histoire de plagiat qui a un peu terni son honneur de prétendant à la carrière d’hommes de lettres), on ne peut pas ne pas voir en lui un type bourré de talent, un polisson survitaminé qui a déniaisé le petit écran hexagonal de fort belle manière (« Bains de minuit » et « Lunettes noires pour nuits blanches », c’était quand même mieux que « Dimanche-Martin »…). Ici, le quinquagénaire se confie au journaliste-confesseur Philippe Kieffer et lui dit tout simplement tout sur sa vie, son œuvre, ses casquettes professionnelles (pub, presse, journalisme, télé, littérature), son cœur, ses amitiés, ses trip(e)s, ses moeurs, Dieu, le Roi et le rock’n’roll. Un livre assez nerveux qui dresse aussi le portrait d’une génération de types qui ont préféré la divertissement à la révolution. Le leur reprochera-t-on ? À chacun son avis. En tout cas, Ardisson, on l’aime bien, malgré les excès de son marketing télévisuel, dont sont singulièrement victimes les livres. ” Je crois que je n’ai jamais fait autre chose que de me mettre en scène. Transformer ma vie en cinéma. Et, ce qu’on va faire, là, c’est d’essayer de mettre bout à bout et dans le bon ordre des dizaines de séquences, des centaines de plans qui me restent en mémoire. ” Pour se confesser, Thierry Ardisson aurait pu se contenter d’aller voir un prêtre, mais il s’est adressé à un journaliste. Cela donne Confessions d’un baby-boomer, un livre où il énumère tous ses péchés : le pape, la pop, la dope, le Palace, la presse, le punk, la pub, le PAF, la hype, les hippies… et tu : François Darmigny. les people. Des péchés qui sont ceux d’une génération. Une génération qui a préféré Lennon à Lénine et Stallone à Staline. Une génération qui n’a pas changé le monde, mais qui s’est bien amusée. A 54 ans, Thierry Ardisson a accepté la proposition de Philippe Kieffer : se raconter et ce depuis son enfance en acceptant d’aborder les succès comme les échecs, les hauts comme les bas… Derrière l’homme de média, se cache aussi un passionné de littérature, de musique…mais aussi un catholique fervent et un monarchiste convaincu. Sur ces sujets comme sur bien d’autres, Ardisson se livre sans retenue. L’homme médiatique confie l’histoire de sa vie au journaliste P. Kieffer, de ses débuts de DJ en 1965 à 16 ans au Whisky à gogo de Juan-les-Pins, au succès de l’émission Tout le monde en parle. Entre-temps, il passe une décennie dans la publicité, une autre dans la presse pour le compte de D. Filippachi, puis il se consacre à la télévision : Bain de minuit, Double-jeu, Rive droite-Rive gauche…