Coup d’État

« Ils seraient plus de deux cents députés enfermés à Vincennes, presque tous des légitimistes et des orléanistes, des conservateurs qui voulaient destituer le Président, et bien sûr quelques-uns de chez nous, ceux qui n’étaient pas encore arrêtés. Tout ce qui n’est pas pour lui serait en prison. » Nous sommes le 2 décembre 1851. L’Assemblée est dissoute, la Constitution déchirée. Le Prince-Président, futur Napoléon III, vient de prendre le pouvoir. À Paris comme en province, les arrestations préventives ont commencé. La chasse aux Républicains est ouverte et toutes les sociétés sont dissoutes, même les mutuelles. Certains veulent se soulever, prendre les armes et empêcher le coup d’État. D’autres, plus modérés, restent hésitants. La nation est divisée. La République n’est pas morte, elle entre seulement dans le secret. Dans un petit village des Deux-Sèvres, non loin de Niort, le vétérinaire Paul Méhus est connu comme l’un des chefs des « Montagnards ». Dénoncé, recherché, poursuivi puis blessé, il est contraint de se cacher et trouve asile au cœur du Marais poitevin dont les terres incertaines ont de tout temps été le refuge des fugitifs. Aidé par son frère Simon et par des camarades républicains tout aussi solidaires que généreux, Méhus reprend peu à peu goût à la vie. Pierre Moinot a l’art des romans historiques peuplés de personnages pittoresques, où se mêlent la réflexion, le suspense et l’aventure. Servi par une écriture alerte, ce Coup d’État est l’une de ses plus savoureuses réussites. Dans la région de Niort, un certain Paul Méhus, notre héros, connu pour ses convictions ” montagnardes “, est tombé dans le piège que lui a tendu le farouche bonapartiste Dogon. Dogon a grièvement blessé Méhus. Méhus se cache d’abord dans la cave d’une ferme, avant de fuir au cour du marais poitevin où un pêcheur, un certain Jean Dieu, le recueille. Il s’éprend de la nièce de celui-ci, venue pour panser ses blessures. Enfin Paul Méhus, véritable héros, meurt à la place d’un ami républicain. Ce roman historique est d’autant plus efficace qu’il campe avec beaucoup de précision des personnages forts et authentiques. Tous expriment et défendent des idées très généreuses. La narration est servie par une écriture pure et toujours suggestive. Au détour des pages, on retrouve la veine mystique de Pierre Moinot dans l’évocation de la nature hivernale du marais poitevin. Comme dans ses ouvrages précédents, la peinture est sans concession, elle voisine avec la conscience de la mort et confère au genre romanesque une dimension métaphysique. 2 décembre 1851 : le ” Prince-Président “, futur Napoléon III, déchire la Constitution de la République et prend le pouvoir. La chasse aux républicains est ouverte. Dans un petit village des Deux-Sèvres, près de Niort, Paris est loin. Mais Paul Méhus, un chef local de ” Montagnards “, prévenu dans la nuit par ses amis, sait que dès l’aube il sera gibier. Dans une succession d’aventures où se mêlent les ruses, les combats, le feu des pistolets, les fuites ou l’asile mystérieux des caches, Méhus est blessé. Des personnages picaresques, pittoresques et généreux le porteront d’étape en étape à son ultime refuge, au cœur du Marais poitevin. Méhus s’y éloignera des combats de son temps; il y trouvera la naissance d’un amour, la paix de l’âme et le sentiment de l’éternel comme seule peut en inspirer la Nature dans l’étrange décor du Marais hivernal.