Desperados

Frank et Eleanor Little vivent à Dublin. Depuis leur divorce, chacun tant bien que mal a refait sa vie. Le seul lien qui les unisse encore est leur fils Johnny parti au Nicaragua prêter main-forte à la révolution sandiniste en grattant de la guitare dans un groupe de rock. La nouvelle de sa mort va obliger ses parents à se retrouver au Nicaragua, dans un pays auquel ils ne comprennent rien et dont ils ne supportent pas le climat, mais aussi à se pencher sur leur propre passé. Leur épopée à travers la révolution sandiniste, à bord du combi VW du groupe, sur la piste de l’introuvable Johnny qui n’est peut-être pas mort, est un morceau d’anthologie tragi-comique et une méditation poignante sur la perte des illusions. Le chef-d’ouvre d’un des chefs de file de la jeune fiction irlandaise. « La troisième nuit, quand l’obscurité revint, Frank Little se remit à avoir peur. Peur des voleurs, de ces saletés d’insectes, de la nourriture empoisonnée, des fantômes. Peur d’être incapable de parler avec les gens du pays. Peur de passer pour un rigolo aux yeux des gars armés qui se tenaient au coin de la rue, à côté du Cine Dorado. Peur de la diarrhée, du rationnement d’eau et des scorpions. Peur du plan de la ville et de ne rien comprendre… »Rires et larmes, vacherie et compassion ne sont jamais loin dans ces tribulations en Amérique centrale de quelques égarés natifs de Dublin venus se confronter, hors de leurs quotidien, au réel des révolutions en cours… Sont ici évoquées, avec autant de vacherie que de compassion, les illusions d’une jeunesse – celle des années quatre-vingt – qui tend à confondre frime et engagement à travers les tribulations en Amérique Centrale de quelques paumés natifs de Dublin, à qui l’on a raconté que la révolution était une drogue douce. Bref, malentendus en cascade et sur toute la ligne. On rit, et l’on finit par n’être pas très loin de pleurer.