Dirty Week-end

Elle en a marre. Elle n’est pourtant pas du genre à se faire remarquer, encore moins à provoquer les mecs. Elle serait plutôt la môme à raser les murs pour qu’on lui fiche la paix. Mais les types sont incorrigibles. Un jour c’est le voisin voyeur, le lendemain c’est l’épicier à la main baladeuse – quant aux joyeusetés que se permettent ces messieurs dans le train de banlieue bondé. Un matin elle décide, elle si sage, qu’elle en a sa claque. Le prochain qui la touche. elle le laisse faire, et puis couïc !. zigouillé. On appelle ça le passage à l’acte. Facile au fond. même s’il faut prendre quelques précautions pour ne pas se faire pincer après. Mais la précaution fait partie du jeu, pimente même l’affaire d’un supplément de plaisir. Car elle y prend plaisir. Et nous donc ! Sentiment de la presse à l’époque où le livre (introuvable aujourd’hui en librairie, et depuis pas mal de temps) était sorti en traduction : « Chef-d’oeuvre ! » Réédition d’un classique absolu du roman noir de cette fin de siècle : Dirty Week End, d’Helen Zahavi. Un petit livre qui sera très utile à toutes celles qui, fatiguées de se faire peloter dans le métro sans rien dire, rêvent de montrer aux mecs de quel bois elles savent se chauffer, pour peu qu’on les pousse à bout. Pour la petite histoire : il s’agit du dernier livre de littérature à avoir fait l’objet d’une demande d’interdiction à la chambre des Lords, lors de sa sortie en 1991. Bella fait partie de ces gens qui n’arrivent pas à se raconter d’histoires, à se faire croire que la vie est belle. Mais Bella n’éprouve aucune attirance pour la souffrance. Petit à petit, elle se ferme, se recroqueville pour se protéger de l’hostilité qui l’entoure et de la confiscation de son intimité. Jusqu’au jour où elle comprend qu’elle n’en peut plus. Incapable de “plier”, Bella n’arrivera qu’à “se rompre”. Roman noir condamné par certains pour immoralisme (il fit l’objet d’une demande d’interdiction au Parlement de Londres), “Dirty Week-End” enchantera bon nombre de lectrices. Tout simplement parce qu’il correspond aux rêves de revanche de toutes celles qui en ont assez d’être violées dans leur intimité. Enfin réédité, un roman impitoyable à l’écriture crue et lancinante. À travers l’histoire d’une femme violée dans son intimité, Helen Zahavi exprime la colère de toutes les femmes agressées qui attendent l’heure de la vengeance.