Fiona Range

Mary McGarry Morris a connu la notoriété grâce à son second roman, Une femme dangereuse, adapté au cinéma sous le titre L’Incomprise. Puis, vint Mélodie du temps ordinaire qui confirmait la filiation de l’auteur avec Steinbeck ou Carson McCullers. Une narration vive, une description de caractères emprunte de réalisme et une intensité émotionnelle qui ne peut laisser indifférent. Avec Fiona Range, Miss Morris se range définitivement dans la catégorie des écrivains américains nostalgiques d’un certain passé. La modernité contemporaine qui nous submerge chaque jour ne l’intéresse pas. Ici, pas d’Internet, ni de nouvelles technologies ou de nouvelle économie. On est dans une petite ville du Massachusetts, de nos jours, mais cela aurait bien pu se passer au début du siècle. Fiona Range a trente ans, mais n’a toujours pas trouvé sa place dans la société. Elle papillonne d’amours épisodiques en maladresses et malentendus. Abandonnée par sa mère, Fiona n’a par ailleurs jamais été reconnue par son père, un homme violent et traumatisé par la guerre du Vietnam. Elle s’obstine donc dans sa quête d’identité et d’affection jusqu’à s’en brûler les ailes. Certes, le livre n’est pas à proprement parler un thriller, mais la description minutieuse de chaque personnage, les longues scènes (parfois trop longues) entre les protagonistes de ce drame familial sont toutes au service d’une toile que la romancière a patiemment construite, pour qu’au bout du compte éclate la terrible vérité. –Stellio Paris