Fragiles

L’un est auteur à succès, qui a bâti sa réputation sur une certaine gorgée de bière ; l’autre est illustratrice, auteur de quelques albums jeunesse. Mari et femme dans la vie, il fallait bien qu’ils se rencontrent dans un projet commun, entre le dessin et l’écriture. Fragiles est donc le fruit des intuitions et des déambulations poétiques de Martine et Philippe Delerm. Fragiles se veut un tableau des différentes postures de la vie, commentées, illustrées. Du courage à l’inspiration, du rêve au désenchantement, du chagrin à la certitude, du souvenir à l’oubli. Toutes les fragilités de l’existence en somme, retracées avec pudeur, au bout d’aquarelles délicates, d’un phrasé non moins délicat. De très jolis textes, de très jolis dessins. Rien de très original cependant. Les petits textes sont très gentiment poétiques, à la manière de Prévert. Les dessins sont largement influencés par le trait de Folon, amplement inspirés par les illustrations du Petit Prince de Saint-Exupéry. Si l’on passe cet écueil, il reste un livre franchement délectable, doté d’une mise en page savoureuse. –Céline Darner C’est d’abord une histoire de regards. Le regard de Martine sur les choses de la vie. Le regard de Philippe sur les images de Martine. C’est sans doute aussi une histoire d’amour – cela ne nous concerne pas. Ce qui est sûr, c’est que c’est aussi une histoire d’amitié. Puis, avant d’être confiés au lecteur, les mots, les images, ” les abandonner au temps “. Pendant ” longtemps, rien ne semble changer “. ” On ne sait pas ce qu’on attend ” : heureusement, ” la courbe du temps ” n’épouse pas ” la courbe de la terre “. ” Surtout ne rien précipiter. ” Se taire parfois. Comme Philippe, devant cette petite fille, enturbannée de rouge, qui avance à contre-vent, à contre-peine, les yeux fixés là-bas ; vers cet ailleurs où, peut-être, ” une aube se prépare “.