Geai

Albain fut un enfant contemplatif. II en a gardé le goût du merveilleux et de l’infinie patience. Bavarder avec un fantôme en robe rouge, s’en faire une amie et une confidente au fil des années, quoi de plus normal pour cet éternel rêveur solitaire … Christian Bobin nous offre ici le plus merveilleux des contes, la plus morale des histoires. Celle d’un poète qui ne s’embarrasse pas d’apparences, préférant papoter avec Ophélie qu’avec la collègue de bureau. Lire Bobin permet de devenir tout léger à notre tour et de prendre le temps de partir à la chasse aux sourires. “Geai était morte depuis deux mille trois cent quarante-deux jours quand elle commença à sourire. Ce sourire, au début, personne pour le voir. Que deviennent les choses que personne ne voit ? Elles grandissent. Tout ce qui grandit grandit dans l’invisible et prend, avec le temps, de plus en plus de force, de plus en plus de place. Donc le sourire de Geai, noyée depuis deux mille trois cent quarante-deux jours dans le lac de Saint-Sixte, en Isère, commença à donner de plus en plus de lumière.”