Là-bas

Omar Razaghi prépare une thèse dans une université américaine. Ce n’est pas toujours très drôle d’être en thèse. Il faut constamment penser à finir, à se dire qu’un jour on travaillera et qu’on entrera enfin dans la vraie vie. Omar travaille en littérature sur Jules Gund, une sorte d’auteur culte qui n’a écrit qu’un seul roman avant de disparaître : “Le Prix des Amériques lui a été décerné. Il s’est enfoncé dans la jungle et s’est tiré une balle dans la tête.” Afin de pouvoir financer ses travaux et d’avancer avec un but, Omar a l’idée de faire une biographie inédite de l’auteur. Sa petite amie, lasse de le voir s’embourber dans d’impossibles considérations qui révèlent presque trop aisément le manque d’assurance et de courage de son compagnon, le pousse à partir sur les traces de Jules Gund et à convaincre les ayants droit d’accepter l’idée d’une biographie. Et voilà Omar qui débarque en Uruguay, au milieu de nulle part, pour questionner le trio légataire, deux femmes et un homme. Ces derniers sont bien résolus, au départ, à ne rien divulguer de la vie de l’écrivain. Une ambiance délétère et un peu morne plane sur ce roman. On ne sait pas bien ce qui pousse les protagonistes à être ce qu’ils sont ou ce qu’ils croient vouloir être. Mais, petit à petit, le couvercle saute et on découvre la complexité des sentiments de chacun et la nature conflictuelle des relations entre les trois. Omar, propulsé au milieu de ce trio infernal, en perd son libre arbitre et oublie jusqu’à la raison de sa venue. Pourtant il découvre des choses. Jules Gund n’a pas écrit un livre mais deux …Là-bas raconte avec drôlerie comment le destin réserve des surprises à ceux qui veulent le provoquer et comment la mémoire des morts peut semer la zizanie chez les vivants. –Denis Gombert Etudiant de troisième cycle à l’université du Kansas, Omar Razaghi prépare son doctorat sur la base de son mémoire de maîtrise, une étude approfondie de l’ouvre du romancier uruguayen Jules Gund. La publication de la biographie qu’il envisage d’écrire à son sujet ainsi que le versement d’une imposante bourse de recherches étant subordonnées à l’obtention de l’autorisation des ayants droit de l’écrivain, il contacte ces derniers et se voit opposer une fin de non recevoir. A défaut d’avoir des motifs identiques, leur décision est commune, ferme et définitive. Omar décide néanmoins de tenter le tout pour le tout et de quitter son Kansas natal pour l’Uruguay, porté par l’espoir de parvenir à les faire revenir sur leur refus. Il découvre le domaine d’Ochos Rios et ses étranges occupants, qui semblent vivre hors du temps : Adam, le frère de Jules, et son compagnon Pete, mais également Arden et Caroline, respectivement maîtresse et femme de l’écrivain. Au terme d’un séjour décidément peu ordinaire, Omar décide de mettre un terme à son projet et à ses études universitaires tandis que les légataires se mettent en devoir de donner une tout autre tournure à leurs existences.Très à l’aise dans les études de moeurs atypiques et décalées, fort d’une pénétrante analyse des comportements humains, Peter Cameron signe une narration nimbée de poésie, de tendresse et d’humour. Un roman irrésistible, porté par un style alerte et efficace, dont le charme ne se dissipe pas aisément. Omar Razaghi, jeune homme indolent, a des ennuis. Alors qu’il vient de décrocher une bourse pour écrire la biographie d’un écrivain uruguayen, il reçoit des légataires une lettre de refus. Il décide aussitôt de quitter le Kansas pour plaider sa cause auprès d’eux. Là-bas, à Ochos Rios, il découvre un domaine isolé du monde, cerné par une nature exubérante. Tout y semble pétrifié, les meubles, le jardin et jusqu’aux êtres eux-mêmes… Caroline l’épouse feint le détachement, Arden la maîtresse se languit et Adam le frère cultive l’ironie. À son insu, Omar le tendre, l’incertain, va tous les remettre en mouvement et leur faire réintégrer leur existence. Là-bas est un livre généreux, ensoleillé, pétulant de charme. C’est le quatrième roman de Peter Cameron publié chez Rivages. Avec “Là-bas”, Peter Cameron atteint une maturité qu’annonçaient l’émotion retenue de “Week-end”, le brio caustique de “l’Année bissextile”, la sophistication d’ “Andorra”. Ce roman en huis clos, d’une parfaite maîtrise, en dépit du nombre des destins qui s’y croisent en quelques années, rapproche Cameron des meilleurs psychologues anglo-saxons. … La justesse admirable des dialogues, parfois très drôles, l’habileté avec laquelle le passé réapparaît, la consistance de chaque personnage, l’aspect spectaculaire des événements jusque dans leurs côtés cocasses donnent à ce roman un caractère devenu très rare dans la littérature de fiction.