La France et ses paysans – Une histoire du monde rural au XXe siècle

Le XXe siècle aura été, pour l’agriculture française, celui de tous les défis.Soutenue par de rigoureuses protections douanières, la France est demeurée largement rurale jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, avant de faire des produits de l’agriculture sa deuxième source d’exportation.Le regroupement des terres, la mécanisation de la production, la désertification des campagnes, le rêve agronomique et la mondialisation du marché ont fait naître une nouvelle société rurale, confrontée au difficile accouchement de l’Union européenne, mais modernisée. A l’heure de la révolution génétique et des scandales alimentaires, le monde agricole doit pourtant, une nouvelle fois, se remettre en question.Que reste-t-il, à l’aube du XXIe siècle, de la paysannerie, alors que la population rurale est en voie de disparition ? Qu’adviendra-t-il de cette culture, de ce savoir, de ce courage qui ont fait l’histoire de notre pays ? Quelles sont les conséquences économiques, écologiques et surtout humaines de ces cent années d’évolution technique ? Les paysans ont-ils vocation à demeurer les jardiniers” du paysage français et les gardiens de nos terroirs ?De la fièvre aphteuse à la crise de la vache folle, et de l’agriculture raisonnable à l’agriculture raisonnée, Pierre Miquel dresse le tableau d’un siècle de vie rurale en France. Il raconte l’épopée de ces hommes et de ces femmes qui ont fait de notre pays l’une des premières puissances agricoles au monde.” Il suffit de parcourir les belles photographies qui illustrent l’ouvrage pour s’en convaincre : les paysans français ont changé davantage entre 1900 et 2000 qu’en plusieurs siècles. Avec eux, la vie quotidienne et les paysages de nos campagnes se sont transformés. C’est l’histoire de cette “révolution silencieuse” que Pierre Miquel raconte avec passion. Non sans nostalgie, il explique comment l’agriculture française, archaïque jusqu’en 1950, est devenue l’une des plus productives du monde. Les crises récentes et les excès de ce modèle agricole ne sont pas ignorés. Au contraire, le chapitre sur la mondialisation éclaire le lecteur contemporain qui s’interroge sur la “malbouffe”. Pourtant, le propos reste empreint de tendresse pour ces hommes et ces femmes qui ont relevé tant de défis. En bon historien qui sait tout ce que la France du passé doit à ses paysans, Pierre Miquel rend hommage à cette catégorie en voie d’extinction, “comme si la terre n’avait plus besoin d’eux pour offrir ses richesses, comme s’ils étaient de trop”. Cette histoire n’est-elle pas aussi celle de l’évolution et de l’ambivalence du regard que la société porte sur eux ? –Stéphane Pares L’historien Pierre Miquel a jeté un regard rétrospectif sur “La France et ses paysans. Une histoire du monde rural au XXe siècle”. Lors d’un colloque qu’il présidait le 20 février, intitulé “Pas de futur sans agriculture”, le professeur émérite à la Sorbonne, un tantinet provocateur, a d’ailleurs expliqué que “le futur n’existe pas puisque c’est ce qui est à venir, c’est un non-être, une illusion” alors que l’histoire “retrouve la mémoire”.