La riviere en colere

Albepeyre, quelque part dans le Massif central, au début des années trente. Dans ce bout du monde, les hommes, viscéralement attachés aux terres et aux traditions héritées de leurs ancêtres, mènent une existence dure mais heureuse. Charles Neuville, un jeune ingénieur ambitieux, est chargé par un groupe de financiers et d’hommes politiques de dompter la rivière qui coule dans la vallée et d’édifier un barrage qui fera disparaître le village et ses prairies fertiles. Si certains se laissent séduire par les sommes offertes, quelques irréductibles se refusent à vendre, comme Hilarian, le dernier habitant du hameau d’Igues-Basses. Ce vieux solitaire, qui semble posséder d’étranges pouvoirs, veut coûte que coûte transmettre sa terre à son fils parti chercher fortune à Paris. La tension monte peu à peu et la population se déchire entre ceux qui espèrent profiter des retombées du barrage et ceux qui refusent de voir toute une vie engloutie sous les eaux. Bientôt les ouvriers arrivent, par dizaines, et le chantier démarre. Mais le mauvais temps retarde l’avancée des travaux. Depuis les hauteurs, Hilarian regarde, fasciné, les pluies torrentielles s’abattre sur la vallée. On dirait que la rivière en colère se rebelle contre les hommes, et qu’un piège maléfique se referme sur eux. Les passions s’exacerbent, les ambitions se dévoilent, les masques tombent. Epaulé par Lucile, Charles devra abandonner ses certitudes pour mener à bien son projet et maîtriser cette nature qui semble vouloir lui échapper. Dans ce roman où le souffle du récit s’ajoute à l’étonnante variété des personnages, Roger Béteille confirme qu’il est l’un des maîtres de ces intrigues où le destin des hommes est inséparable de celui de leur terre.