La Tentation d’Edouard

Un homme, Édouard, tombe amoureux d’une femme photographe à travers ses images exposées dans une galerie. “Une femme qui photographie les hommes, rien de tel pour éveiller des pulsions.” Sans la connaître, sans l’avoir rencontrée, il décide d’entamer une correspondance avec elle, entre détachement et ardeur, humour et emportement puéril. Pour donner ses impressions, ses sentiments, son analyse des photographies mariant le quotidien et l’étrange, livrant en même temps et au fil des lettres des indices sur sa personnalité. Des missives louangeuses restées longtemps sans réponse, auxquelles finit par répondre Geneviève. Dès lors s’enclenche une correspondance teintée de coquetterie et de stratégie amoureuse. Voilà un marivaudage contemporain arbitré par un narrateur neutre, intervenant de ci de là, entre les échanges et les joutes verbales. Jusqu’à la rencontre enfin, physique, sexuelle, explosive… À la fois roman épistolaire, roman d’amour et roman à suspense, La Tentation d’Édouard alterne les genres, brouille à souhait les pistes du lecteur, passant d’une lettre au récit, rebondissant d’un destinataire à l’autre, glissant quelques réflexions sur l’art telles que la perception du banal, et la fébrilité de la condition humaine. C’est précisément dans ce mélange, dans cette construction ludique que réside la réussite du livre d’Élisa Brune. –Céline Darner Lors d’une exposition, Edouard tombe amoureux d’une photo. Son auteur est une femme, Geneviève. Il ne la connaît pas, ne l’a même jamais vue, mais il décide aussitôt de séduire la jeune artiste, lui adressant sans relâche des lettres passionnées et pleines d’humour. Piquée par la curiosité, et troublée par la verve de son prétendant, Geneviève hésite cependant à répondre : après tout, elle a déjà trouvé l’homme idéal en la personne de Jean-Luc, amant tendre et complice qui, à défaut d’aventure, lui apporte la stabilité affective dont elle rêvait. Dès lors, à quoi bon poursuivre un flirt virtuel, qui plus est avec un parfait inconnu ? Aidée de son amie Daphnée, Geneviève tente de décourager les assauts du mystérieux Edouard. C’est sans compter sur l’obstination et l’imagination débordante de ce dernier… Alternant correspondance et récit, Elisa Brune renouvelle avec brio les figures de la séduction et nous tient en haleine jusqu’à la dernière page. Un roman enlevé, original et d’une remarquable intelligence.