La Vérité selon Ninon

Et si l’on parlait philosophie ? Oui, bonne idée. Mais si l’on en parlait avec l’aide de la bande dessinée ? Déjà, voilà qui est plus original. Et pourquoi pas, après tout ? C’est l’objet de la collection Les petits albums de philosophie publiée par Autrement. “La Vérité selon Ninon” s’attaque aux thèmes difficiles mais tellement quotidiens du mensonge et de la vérité. En compagnie de la petite Ninon, le lecteur va pouvoir s’interroger sur ces notions qu’il n’est pas toujours facile de cerner. Ninon est bien embêtée : au lieu de faire ses devoirs, elle a préféré sauter à la corde. Mais en sautant à la corde, elle a cassé le vase préféré de sa maman. Que doit-elle faire ? Avouer sa faute au risque d’être punie et de ne pas pouvoir aller chez sa meilleure amie ? Ou faire comme si de rien n’était, au risque d’être mal à l’aise et de ne pas avoir la conscience tranquille ? Cruel dilemme… Où s’arrête la vérité ? Où commence le mensonge ? Quelle est la différence entre vérité et réalité ? Mentir pour faire plaisir, est-ce vraiment mentir ? Sa vérité à soi est-elle la vérité des autres ? Et pourquoi la vérité peut-elle être parfois dangereuse, d’autres fois déplaisante et d’autres fois encore bizarre ? Compliqué, tout ça… Heureusement, Oscar Brenifier est là pour démêler les fils entremêlés de toutes ces questions. Docteur en philosophie, consultant et formateur d’enseignants, il anime des ateliers, écrit des articles et a publié des livres en rapport avec la philo. Et comme un court et joli dessin vaut parfois mieux qu’un discours (même s’il est bien construit et facile à comprendre), les illustrations d’Iris de Moüy sont là pour donner un visage aux soucis de la petite Ninon. En tout cas, s’il y a bien une vérité incontestable dans ce livre, c’est qu’il répond avec justesse et patience aux questions que les enfants – mais aussi leurs parents, pas toujours à l’aise pour apporter des réponses simples aux interrogations existentielles de leurs rejetons – sont forcément amenés à se poser sur la vie… Ninon casse le vase préféré de sa mère en jouant à la corde à sauter dans le salon. Elle décide de faire comme si de rien n’était et file dans sa chambre. Mieux vaut mentir que se faire gronder. Mais en même temps, Ninon se sent mal à l’aise… Ses parents ne vont jamais la croire. Elle voudrait qu’ils lui fassent confiance, mais comment obtenir la confiance des autres si l’on ne dit pas la vérité ? Dire la vérité, Ninon entend toujours cela… La vérité, qu’est-ce que c’est ? Elle pose la question à M. Augustin, son voisin qu’elle aime énormément parce qu’il prend toujours le temps de discuter avec elle. Il lui répond par une histoire illustrant la vérité et l’ignorance des hommes : le mythe de la caverne… Mensonge, protection, culpabilité, punition, confiance, vérité, morale, valeur, flatterie, mauvaise foi, gentillesse, peur, ignorance, preuves, réalités diverses, choses fausses… Voilà les mots clés d’une réflexion passionnante autour d’une notion fondamentale : celle de la vérité. Mais ce qui est passionnant, c’est de suivre le cheminement d’une pensée, celle de Ninon. Ninon avance grâce à la discussion (dialogues avec ses parents, son frère, son chien, son voisin, sa maîtresse, ses copains…) à la manière socratique. Les réponses qu’on lui apporte remettent sans cesse en question ses propres réponses. Elle avance aussi grâce aux histoires : celle de L’enfant qui criait au loup qu’elle lit dans sa chambre, celles du Mythe de la caverne ou d’Icare, que lui raconte son voisin, celle de Maître Cornille, que la maîtresse dicte à la classe. Et chaque lecteur avance avec elle… Ninon, une petite fille espiègle et curieuse, s’interroge sur les notions essentielles de la vie. Elle réfléchit et questionne son entourage pour essayer d’y voir plus clair, et chaque début de réponse pose une nouvelle question… De petites scènes dialoguées ponctuées d’histoires et de mythes célèbres pour suivre le cheminement de la pensée de Ninon et découvrir ainsi sa propre intelligence. La vérité selon Ninon. Ninon a cassé le vase préféré de sa mère. Pour cacher sa bêtise, elle décide de mentir. Mais mentir la met mal à l’aise. Doit-elle continuer à faire comme si de rien n’était ? Ou dire la vérité et se faire gronder ?