Le Choucas – Intégrale 01 : Tomes 1 à 3

Le Choucas, ce drôle d’oiseau, est détective privé de son métier. Et il risque de laisser quelques plumes dans les enquêtes qui constituent son pain quotidien. Premier volume d’une édition intégrale des aventures d’un « privé » pas comme les autres. Impossible de le louper : avec sa chemise jaune, son costume noir et sa cravate de la même couleur, le Choucas ne passe pas inaperçu ! Ce grand échalas au nom d’oiseau est détective de profession. Un détective à la vocation tardive qui s’est décidé à changer de vie la cinquantaine venue, le jour où il a été viré de l’usine où il travaillait, sacrifié sur l’autel de la rentabilité. Le Choucas n’est pas un « privé » comme les autres. Son humanisme, sa générosité et son attention bienveillante à ceux qu’il croise au fil de ses enquêtes le dispensent du cynisme qui est souvent la marque de fabrique des personnages de romans noirs. Et le bougre a des lettres : dans son petit deux-pièces parisien trône la collection complète de la Série Noire des éditions Gallimard, qu’il n’hésite d’ailleurs pas à citer avec une jubilation contagieuse. Cette série signée Lax est née avec le changement de millénaire. D’emblée, le lecteur a été frappé par l’inventivité de Lax, ses trouvailles graphiques et ses collages astucieux, mais aussi par la tonalité littéraire de ses dialogues, truffés de mots d’auteur, de répliques et d’un humour salvateur. Le Choucas peut se lire, bien sûr, comme un hommage à un certain polar à la française mâtiné de dialogues à la Michel Audiard, mais ses références piochent dans toutes les directions. Du côté du peintre Egon Schiele, du photographe Brassaï ou du dessinateur José Muñoz, le co-auteur d’Alack Sinner, pour la partie graphique. Et du côté des grands noms du roman noir, en particulier des classiques de la Série Noire, pour les textes. Ce premier volume de l’édition intégrale du Choucas constitue une bonne introduction à la saga de Lax. Le traitement des couleurs, dominées par les teintes noires et jaunes, est en harmonie parfaite avec l’ambiance des enquêtes. Mais on peut aussi se laisser tenter par la version en noir et blanc, publiée voilà quelques années, véritable régal pour les yeux qui ancre la série dans l’univers des films noirs américains. Personne d’autre que Lax n’avait dessiné avec autant de talent la célèbre rue Watt, cette petite rue du XIIIe arrondissement parisien que Tardi avait déjà illustrée dans Brouillard au pont de Tolbiac, sa toute première adaptation des Nouveaux Mystères de Paris de Léo Malet. Sorte de justicier modeste de nos temps modernes marqués par le capitalisme à outrance, le CAC 40 triomphant et le cynisme libéral, le Choucas tente, tant bien que mal, d’atténuer les effets du cynisme ambiant et de la morosité généralisée. Un personnage comme on en aimerait en voir plus souvent et qui apporte un peu de tendresse et d’humour dans ce monde de brutes qu’est la société contemporaine. Ce tome comprend : “Le Choucas rapplique”, “Le Choucas s’incruste”, “Le Choucas enfonce le clou”. Avec son allure d’oiseau de proie cabossé, Le Choucas assiste aux convulsions d’un monde traversé par la crise, où désenchantement rime souvent avec résignation. Redécouvrez les aventures du Choucas dans cette intégrale petit format. Chaque tome de l’intégrale comprend, en bonus, un portfolio de dessins inédits. J’ai bondi dans le seul costard de ma penderie (celui que j’avais pour l’enterrement de ma mère), que j’ai associé à une chemise jaune de chez Fringakian, manière d’atténuer l’austérité. J’avais tout d’un choucas.