Le marché de l’art s’écroule demain à 18h30

Remarquable, passionnant… rarement un chroniqueur sérieux utilise de tels adjectifs en ce qui concerne un ouvrage consacré au marché de l’art. Pourtant, le livre de Harry Bellet mérite sans aucun doute ce genre de commentaire. Journaliste au Monde, Harry Bellet est considéré comme l’une des personnes les mieux informées sur les secrets et les aléas du marché de l’art international. Cet ouvrage constitue donc une véritable bible pour tous ceux qui souhaitent comprendre les mécanismes qui lient si étroitement la production artistique et le monde des affaires. L’auteur débute son analyse par une étude poussée du rôle des galeries, des maisons de ventes et même des multiples institutions françaises. Avec brio, il démontre comment les stratégies de marketing, même les plus inavouables, ont façonné non seulement le marché actuel mais aussi le rapport que l’on entretient avec l’art. Soucieux de construire une démonstration sans faiblesse, Harry Bellet n’hésite pas à dresser également un rapide historique sur les mutations et les perversions de ce marché depuis la Renaissance jusqu’à nos jours en insistant sur le rôle clé joué par quelques artistes, quelques galeries et collectionneurs. Nourri de très nombreux exemples et de multiples anecdotes connus uniquement par les spécialistes, ce livre se dévore donc avec délectation. –Damien Sausset Il est loin le temps où faire connaître au public une œuvre d’art ne coûtait que le prix du clou pour l’accrocher. Aujourd’hui, mondialisation oblige, pour être vue, et vendue, l’œuvre devient démesurée, spectaculaire, à l’image des sommes colossales qu’elle met en jeu. Dans ce contexte où tous les rôles traditionnels sont bousculés, voire menacés, par les exigences de la loi du marché, les artistes ont l’impression d’être transformés en top models, les marchands redoutent de se faire manger par plus gros poissons qu’eux – les maisons de vente aux enchères, à l’appétit d’ogre -, une poignée de collectionneurs fait et défait les réputations… Et, au milieu de tout cela, les amateurs ont bien du mal à savoir si on leur vend de l’art ou du cochon. Avec une jubilation de romancier et le regard aigu et averti du journaliste, Harry Bellet entraîne le lecteur dans la comédie humaine de ce micromilieu si particulier. De rappels historiques en exemples très contemporains, son essai, captivant, se lit comme un thriller, et offre toutes les clefs pour comprendre la nouvelle donne d’un système en pleine mutation. Qui fait la côte de l’art contemporain ? Avec la débauche d’argent actuelle, est-il toujours crédible ? Voici une présentation des arcanes de ce micro milieu singulier et méconnu.