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Les Bienveillantes – Prix Goncourt et Prix du roman de l’Académie française 2006

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Fils du romancier américain Robert Littell, Jonathan Littell, né en 1967, signe à coup sûr le plus traumatisant des romans de la rentrée littéraire 2006. “Les Bienveillantes” (chez Eschyle, des divinités du Mal) est un roman à proprement parler hallucinant, rédigé en français, qui prend à bras le corps un sujet terrifiant : la vie, l’ouvre et la conscience d’un SS ayant pleinement participé à la mise en ouvre du génocide perpétré sur les juifs. Pourquoi ? Chez Maximilien Aue, en suivant l’argument classique des nazis, par simple obéissance. Mais aussi par conviction. Celui qui dit “je” et qui nous parle à travers ses Mémoires est donc un bourreau, comme il en exista bien d’autres. Mais beaucoup plus que ça, Aue se distingue par sa grande complexité : il est un homme de goût, il est un homme torturé par un désir incestueux pour sa sour, il est un homme d’action, engagés auprès des Einsatzgruppen SS, groupes de soldats chargés de liquider juifs et communistes sur le front de l’Est, il est un homme de réflexion. Terrifiant par son aptitude à faire affleurer le venin de la réalité, “Les Bienveillantes” est une ouvre de tout premier plan. Un livre de damné. Extrait du livre : Je parle, je discute, je prends des décisions, comme tout le monde ; mais au comptoir, devant ma fine, je m’imagine qu’un homme entre avec un fusil de chasse et ouvre le feu ; au cinéma ou au théâtre, je me figure une grenade dégoupillée roulant sous les rangées de sièges; sur la place publique, un jour de fête, je vois la déflagration d’un véhicule bourré d’explosifs, la liesse de l’après-midi transformée en carnage, le sang ruisselant entre les pavés, les paquets de chair collés aux murs ou projetés à travers les croisées pour atterrir dans la soupe dominicale, j’entends les cris, les gémissements des gens aux membres arrachés comme les pattes d’un insecte par un petit garçon curieux, l’hébétude des survivants, un silence étrange comme plaqué sur les tympans, le début de la longue peur. Calme ? Oui, je reste calme, quoi qu’il advienne, je ne donne rien à voir, je demeure tranquille, impassible, comme les façades muettes des villes sinistrées, comme les petits vieux sur les bancs des parcs avec leurs cannes et leurs médailles, comme les visages à fleur d’eau des noyés qu’on ne retrouve jamais. Rompre ce calme effroyable, j’en serais bien incapable, même si je le voulais. Je ne suis pas de ceux qui font un scandale pour un oui ou pour un non, je sais me tenir. Pourtant cela me pèse à moi aussi. Le pire n’est pas forcément ces images que je viens de décrire; des fantaisies comme celles-ci m’habitent depuis longtemps, depuis mon enfance sans doute, en tout cas depuis bien avant que je ne me sois moi aussi retrouvé au coeur de l’équarrissoir. La guerre, en ce sens, n’a été qu’une confirmation, et je me suis habitué à ces petits scénarios, je les prends comme un commentaire pertinent sur la vanité des choses. Non, ce qui s’est révélé pénible, pesant, c’a été de ne s’occuper qu’à penser. Songez-y : vous-même, à quoi pensez-vous, au cours d’une journée ? À très peu de choses, en fait. Établir une classification raisonnée de vos pensées courantes serait chose aisée : pensées pratiques ou mécaniques, planifications des gestes et du temps (exemple : mettre l’eau du café à bouillir avant de se brosser les dents, mais les tartines à griller après, parce qu’elles sont prêtes plus vite) ; préoccupations de travail ; soucis financiers ; problèmes domestiques ; rêveries sexuelles. Je vous épargnerai les détails. Au dîner, vous contemplez le visage vieillissant de votre femme, tellement moins excitante que votre maîtresse, mais autrement bien sous tous rapports, que faire, c’est la vie, donc vous parlez de la dernière crise ministérielle. En fait vous vous contre-foutez de la dernière crise ministérielle, mais de quoi d’autre parler ? Éliminez ce type de pensées, et vous conviendrez avec moi qu’il ne reste plus grand-chose. Il y a bien entendu des moments autres. Inattendu entre deux réclames pour poudre à lessiver, un tango d’avant-guerre, Violetta disons, et voilà que resurgissent le clapotis nocturne du fleuve, les lampions de la buvette, la légère odeur de sueur sur la peau d’une femme joyeuse ; à l’entrée d’un parc, le visage souriant d’un enfant vous ramène celui de votre fils, juste avant qu’il ne se mette à marcher ; dans la rue, un rayon de soleil perce les nuages et illumine les grandes feuilles, le tronc blanchâtre d’un platane : et vous songez brusquement à votre enfance, à la cour de récréation de l’école où vous jouiez à la guerre en hurlant de terreur et de bonheur. Vous venez d’avoir une pensée humaine. Mais c’est bien rare. “En fait, j’aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n’est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret ; grâce à Dieu, je n’ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d’écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n’ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien : j’ai fait mon travail, voilà tout ; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi ; et pour le reste, vers la fin, j’ai sans doute forcé la limite, mais là je n’étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l’air, le manger, le boire et l’excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif.” Avec cette somme qui s’inscrit aussi bien sous l’égide d’Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l’avait fait : l’épopée d’un être emporté dans la traversée de lui-même et de l’Histoire.

Disponibilité : 1 en stock

ISBN 13 : 9782070780976

ISNB 10 : 207078097X

Nombre de pages : 904

Éditeur : Gallimard

État du livre : bon état

Reliure : broché

Poids : 1110 gr

Largeur : 15.6 cm

Longueur : 22.5 cm

Épaisseur : 4.29 cm

Auteur : Jonathan Littell

L’édition livrée peut éventuellement différer de celle commandée.

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