Les Fourmidables, tome 1 : Des fourmis dans les jambes

Finalement, Robert Desnos était loin de la réalité. Robert Desnos ? Vous savez, le poète qui était persuadé qu’une fourmi de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête, ça n’existe pas… Eh bien, Desnos ne connaissait pas les Fourmidables ! Parce que là, il n’est même plus question de fourmis de dix-huit mètres : les héros de cet album repoussent à chaque page les limites de la connaissance du monde des insectes. En fait de fourmi, cet album est un vrai fourbi… Les petites bestioles hyménoptères (c’est la catégorie à laquelle appartient la fourmi, figurez-vous) mises en scène par Vincent Deporter transforment une colonie d’animaux besogneux, organisés et disciplinés (comme on nous l’a appris à l’école) en une bande de joyeux drilles assez éloignés des canons habituels de l’histoire naturelle. C’est bien simple : La Fontaine n’y retrouverait plus ses petits. C’est tout dire… Franchement, des fourmis qui dansent sur l’air de “À la queue leu leu”, se prennent pour Guillaume Tell, clopent comme des malades (en langage de fourmi, ça s’appelle “se faire un barbecue”) ou pratiquent le saut à l’élastique, on n’a jamais vu ça. Le coup de crayon de Deporter, qui travaille pour les “comics” américains après avoir fait ses classes chez Jean Graton (le créateur de Michel Vaillant) et à Spirou, est bourré d’énergie et de vivacité. Idéal pour faire vivre tout ce petit monde un tantinet déjanté. Après ça, même en chantant tout l’été, la malheureuse cigale aura un air un peu trop sérieux en comparaison de ces fourmis-là… –Philippe Actère C’est une véritable invasion dans le monde la BD ! Les Fourmidables ont débarqué et aucun insecticide ne pourra les arrêter ! A l’origine du cataclysme, un seul homme : Vincent Deporter. Après avoir travaillé avec des grands noms de l’école belge (Michel Vaillant, Spirou…), cet enfant du plat pays a choisi de vivre à New York où il fait encore les beaux jours des ” Comics ” américains, de Scoubidou à Batman. C’est fort de ces diverses influences qu’il est aujourd’hui de retour… avec de drôles de petites bêtes dans ses bagages. Réputées besogneuses et un tantinet austères, les Fourmidables auraient plutôt tendance à jouer les cigales et à chatouiller là où on ne les attend pas. A l’image de Dino qui délaisse volontiers son travail de fourmi pour les bals masqués et les plongeons dans les tasses de café, Deporter n’hésite pas à donner un grand coup de pied dans la fourmilière de l’humour “politiquement correct” et à envoyer ses petits personnages dans les lieux les plus incongrus (n’est-ce pas Monsieur l’éléphant ?). Le résultat est détonnant : comment d’aussi petites bêtes peuvent-elles produire des gags aussi énormes ? Préparez-vous à avoir des fourmis dans les jambes et des larmes de rires aux coins des yeux. Après ça, vous ne regarderez plus jamais une fourmi de la même façon.