Nos amis les journalistes, roman comique

La recherche du scoop à tout prix peut mener les journalistes à des conduites paradoxales pour se démarquer de la concurrence, comme de décider de réaliser un reportage sur un pays perdu, le Tourdistan, dont les principales caractéristiques sont que personne ne sait où il se trouve et qu’il ne s’y passe jamais rien. Seulement, à peine les envoyés spéciaux du Journal y ont-ils débarqué qu’éclate une révolution. Immédiatement à pied d’œuvre, nos vaillants reporters envoient des articles spectaculaires à Paris où leur parution a un certain effet puisqu’un député en campagne décide même de faire le voyage sur place. Hélas, ce que nos amis les journalistes avaient pris pour une insurrection n’était qu’une manifestation de liesse populaire après un match de football. Pour réparer leur bévue, les voilà contraints de mettre sur pied une fausse révolution à l’intention de l’opinion occidentale. Ignares, arrogants, manipulateurs, les journalistes, particulièrement les “grands reporters” en prennent pour leur grade sous la plume de François Reynaert qui connaît de l’intérieur les salles de rédaction. C’est tout l’univers actuel de la communication qu’il attaque avec une bonne dose d’humour, ce qui ne l’empêche pas de poser des questions essentielles sur la liberté et l’information. –Yves Bellec Une satire hilarante des mœurs journalistiques Chaque semaine, dans ses désopilantes chroniques du ” Nouvel Observateur “, François Reynaert fait rire ses lecteurs en se moquant du monde entier. Avec ” Nos amis les journalistes “, il a décidé de tourner le pistolet à eau vers lui-même… Axel Bahu, tumultueux rédacteur en chef, a trouvé pour sa prochaine ” cover ” l’idée de génie qui lui permettra de répondre aux attentes des lecteurs fatigués des médias : un numéro spécial consacré aux non-événements. Basile Polson, critique télé pigiste à l’essai, est alors envoyé pour son tout premier reportage, avec la fougueuse Marie-Béné Nénard et Fleuray, le chef du service Étranger, sur les routes du Tourdistan, petite république d’Asie centrale, perdue entre l’Iran et la Russie, riche d’une qualité qu’on lui prête imprudemment : il ne s’y passe jamais rien… François Reynaert signe ici un premier roman voltairien, incisif, ou la fausse candeur le dispute à la légèreté du trait. Sous l’apparence légère d’un roman d’aventures d’autrefois, François Reynaert évoque un sujet grave : l’altération que les médias font subir à l’actualité internationale. Lui-même chroniqueur au Nouvel Observateur, il sous-titre son récit “Roman comique” et désamorce ainsi toute velléité d’hostilité vis-à-vis d’une profession qu’il vénère. Quatre reporters du journal décident de couvrir un “non-événement”, au Tourdistan, l’un de ces pays oubliés, aux abords de la mer Caspienne. Arrachés brutalement à leur parodie de reportage, ils sont les témoins d’une révolution… C’est ce qu’ils communiquent fébrilement au journal, jusqu’au coup de théâtre qui confirme leur canular d’origine. La satire de François Reynaert pointe avec humour les lacunes et les inconséquences de l’information et notre peu d’intérêt pour tout ce qui dépasse l’Hexagone.