Onyx John

Un père pasteur illuminé et une mère qui se dévoue pour accueillir tous les réfugiés de la planète débarquant dans le quartier populaire de Parc Extension à Montréal, ce ne sont pas les conditions idéales pour faire fortune. Pourtant Onyx John Cameron semble avoir plutôt bien réussi. Il coule des jours apparemment paisibles sur la côte du Maine aux frais de Zoltan Tinodi, un mafieux albanais qui lui fournit généreusement voiture de sport, cover-girl, etc. En réalité, Onyx est l’otage de Tinodi qui le tient éloigné de son père pour que celui-ci puisse mener à bien ses travaux. Car le pasteur se veut alchimiste et prétend être sur le point de découvrir la pierre philosophale et le moyen de transmuer en or le vil métal. Les aventures d’Onyx Cameron, racontées par lui-même (tous les membres de la famille portent le nom d’une pierre précieuse) tiennent du roman policier et de l’épopée tragicomique qui entraîne le lecteur des caves de Montréal à la côte Est des États-Unis en passant par Amsterdam à l’occasion d’un obscur trafic de diamants. Les tribulations de ces personnages à la fois ridicules et attachants brossent le portrait plein de verve de l’âge d’or des utopies : ces années soixante où à coups d’expériences spirituelles ou sexuelles, on rêvait de changer la vie. Le roman de Trevor Ferguson, né au Canada en 1947, est à la fois comique et empreint d’une nostalgie tenace car, au bout du compte, le monde n’a guère changé et la société de consommation a eu raison de ces doux rêveurs.