Perdu le paradis

” Les anges n’existent pas, mais ils ont des grades, comme dans l’armée. Ils vont et viennent à tire-d’aile sur les fresques, apportent de bonnes nouvelles chez Raphaël et Giotto, se dressent, veilleurs pétrifiés, sur les tombeaux des riches à Gênes et à Buenos Aires et, brandissant une épée de feu, reconduisent les damnés à la sortie du paradis. Ils ont des noms, des corps et des ailes, ils n’ont pas de sexe et pourtant ce ne sont pas des femmes, ils sont immortels et c’est pourquoi jamais personne n’a retrouvé d’eux un squelette, si bien que personne n’a jamais pu non plus étudier l’attache de ces ailes de taille plus qu’humaine au reste de la charpente, en un mot, ils font partie du monde que nous connaissons et ce, sans exister pour autant ; et cependant, la femme mince et plutôt petite qui se tient devant lui dans une salle de massage autrichienne avait, la dernière fois qu’il l’avait vue, deux grandes ailes grises aux reflets argentés. ” Deux jeunes brésiliennes, Almut et Alma, partent pour l’Australie. Cherchant à se remettre d’un grave traumatisme, Alma croit avoir enfin trouvé le paradis sur terre et s’entête à aimer un peintre aborigène ” aussi inaccessible que ses oeuvres “. Ayant besoin de se faire un peu d’argent, les deux amies participent à un festival de littérature qui rend hommage au “Paradis perdu” de John Milton. Figurante, Alma doit se déguiser en ange. Trois ans plus tard, Erik Zondag, alors âgé de cinquante ans, fait une cure dans une station thermale près du lac de Constance. Parmi le personnel, il retrouve la femme avec qui il a fait brièvement l’amour alors qu’elle était déguisée en ange… Roman énigmatique sur la perte de l’innocence, histoire de la rencontre accidentelle de deux anciens amants, constat de l’impossibilité de l’union amoureuse,” Perdu le paradis” aborde magistralement tous les drames de la vie. Deux jeunes Brésiliennes partent pour l’Australie, un monde dont elles rêvent depuis l’enfance. Là, dans l’éblouissement du fantasme, Aima tombe amoureuse d’un peintre aborigène, un être aussi inaccessible que son art. Au-delà de la passion, le voyage australien se poursuit et, pour se faire un peu d’argent de poche, Aima travaille en tant que figurante dans le cadre du Festival de poésie de Perth, inscrit cette année-là sous le signe de John Milton. Déguisée en ange la jeune femme doit se cacher, échapper au regard des visiteurs, telle est la règle de ce jeu de piste en poésie. Et c’est dans cet étrange accoutrement qu’elle va croiser Erik Zondag, l’entraîner dans une brève étreinte puis disparaître. Des années plus tard ils se retrouveront, par hasard, bien loin de l’Australie. Mais les anges et les humains ne se ressemblent pas. Telle est peut-être la simple conclusion de cette seconde rencontre, consolatrice et pourtant fatale. Un roman aussi léger, aussi insaisissable qu’un poème, une histoire à travers laquelle sont abordés magistralement tous les drames de la vie, y compris la perte de l’innocence – la perte du paradis.