Premier matin – Comment naît une histoire d’amour

Il y a les matins qui chantent, et ceux qui déchantent. Dans cette ode au Premier matin, celui des débuts de l’histoire amoureuse, Jean-Claude Kaufmann, déjà auteur de La Trame conjugale et La Femme seule et le Prince charmant, continue ses recherches sur le couple. Ici, il s’est penché sur le moment si particulier du premier réveil à deux. Du “cocon-lit” dont on a peur de sortir, à l’épreuve du petit déjeuner, de la toilette – et des toilettes – à la découverte nue et brute de l’autre près de soi… tous ces petits riens qui constituent pourtant le début d’une histoire. On est loin d’un simple moment anecdotique. Par son enquête fouillée et précise, ce sociologue, directeur de recherche au CNRS, montre combien ce moment est révélateur de l’évolution du couple naissant. Le sujet pourrait porter à de grands élans poétiques. Stefan Zweig, Albert Cohen ou Charles Bukowski apportent une touche littéraire à chaque début de chapitre. Le reste est presque clinique : des témoignages, des analyses. Et un certain humour qui rend passionnant ce qui aurait pu être une enquête rébarbative. Durant 250 pages, on suit avec une certaine tendresse les vingt-trois interviewés. De 22 à 77 ans, tous nous font entrer dans l’intimité de leur début d’amour. Et, évidemment, chacun peut s’y retrouver et se pencher sur ses propres matins, porteurs d’une histoire en devenir. Non, décidément, ces premiers matins ne sont pas anodins… –Marine Segalen Le matin qui suit la première nuit d’une rencontre n’est pas un moment comme les autres. Dans cet instant décisif peut naître une véritable histoire d’amour. C’est sur ce moment très particulier que Jean-Claude Kaufmann porte un regard neuf et met en lumière la vérité moderne de l’amour. D’une plume limpide et colorée, il nous entraîne sur la trace de personnages auxquels, entre rires et émotions, il nous est facile de nous identifier. Il ne s’agit pourtant pas de roman, mais de faits réels, résultant d’une enquête scientifique minutieuse. Le moindre geste (le petit bisou pour masquer les blancs de la conversation, la soudaine pudeur à la sortie du lit) est passé au crible sociologique et quitte sa banalité pour nous apparaître dans toute sa signification. Nous prenons ainsi conscience que l’amour se joue pour l’essentiel au premier matin et comprenons mieux les règles du jeu. Loin des discours stéréotypés, presque inchangés depuis deux siècles, il nous fait découvrir comment les choses se passent concrètement aujourd’hui dans les tout débuts de la vie à deux. Et comment elles sont en train de changer.