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Que reste-t-il du paradis ?

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Harpe, luth et psaltérion, vielle – à bras ou à roue -, chalémie, orgue et trompette, timbales et carillons, la musique des sphères se joue résolument à l’orchestre dans le paradis de l’an 1500. A l’heure où la peinture de l’au-delà atteste l’intégration des réalités terrestres (arbres et fleurs, mais aussi bâtiments et vêtements) dans l’espace paradisiaque, l’invasion des anges musiciens dans sa représentation figurée ne doit rien au hasard … L’ange musicien envahit tout le champ, comme s’il ne pouvait y avoir d’amour et de félicité – terrestres comme célestes – sans son concours. C’est l’une des trouvailles les plus sensibles de Jean Delumeau qui clôt avec “Que reste-t-il du paradis ?” un triptyque entrepris il y a plus de dix ans, parachevant une longue interrogation sur l’homme occidental des âges médiévaux et modernes, harcelé par ses peurs, combattant le sentiment d’insécurité pour finalement élire une espérance de bonheur éternel … Si le succès de l’entreprise valut à Jean Delumeau d’apparaître bientôt comme “l’historien de la peur”, il espérait, lui, être au moins autant l’historien du paradis, cet eden perdu et inlassablement rêvé que l’érudition universitaire négligeait … Gageons que ce sera bientôt chose faite, puisque le chantier colossal entrepris dès 1989 est aujourd’hui achevé. Et l’on découvre au terme de l’aventure un auteur plus que jamais présent dans sa recherche, débordant – avec toutes les garanties scientifiques, évidemment – de sa sphère de prédilection (l’ “automne médiéval” cher à Huizinga et l’ère moderne) pour contribuer à répondre à l’une des questions essentielles que se posent ses contemporains : celle du bonheur … La démarche suivie par l’historien est d’une cohérence indiscutable. Reprenant le plan de “l’Apocalypse de Jean” même, Delumeau fait suivre les mille années de félicité qui annoncent le jugement dernier de la vision de la Jérusalem céleste. Ce faisant il utilise toujours le corpus des textes saints et savants qui fondent la croyance mais, sans sacrifier à l’exercice de l’historien d’art, il fonde une bonne part de son analyse sur les images du paradis telles que les artistes, humbles ou fameux, les ont proposées aux fidèles, visions d’espérance et de salut, en réponse au voeu du psalmiste : “Qui nous fera voir le bonheur ?” Ce pari assez fou, Jean Delumeau l’a fait sien ; aussi propose-t-il une sorte d’ “état des lieux”, avec force détails sur les saveurs et les couleurs, les plantes et les fragrances d’un jardin éclatant, dont l’ardente lumière ne brûle ni ne blesse. Avec, pour achever de brosser à grands traits une sorte de “vie quotidienne au paradis”, le portrait de ses hôtes, strictement hiérarchisés, qui contemplent sans jamais se rassasier la vision béatifique réservée aux élus, et dont le retable de Gand, “l’adoration de l’agneau” de Jan Van Eyck (1432), popularisé sous le nom d’Agneau mystique, offre un admirable regard. Qu’est-ce que le paradis ? Les hommes du Moyen Age l’imaginaient comme une ville aux murs d’or, entourée de prairies fleuries baignant dans une lumière divine, où évoluaient des cortèges des saints vêtus de couleurs chatoyantes. Car, pour les chrétiens d’autrefois, le royaume des cieux, où les élus contemplaient Dieu et connaissaient le bonheur éternel, était un lieu concret, qu’ils se représentaient à partir des réalités terrestres. Un lieu dont les visionnaires ont donné de surprenantes descriptions, et dont les beautés ont inspiré pendant des siècles enlumineurs, peintres, sculpteurs et musiciens. Jean Delumeau, avec son habituelle limpidité d’écriture, nous explique comment cette espérance d’un au-delà radieux s’est construite, puis transformée. Il nous montre que les ” réalités indicibles ” du paradis ont suscité un inépuisable imaginaire qui sous-tend toute l’histoire de l’Occident. A partir de la Renaissance, l’Eglise catholique décide de limiter l’intrusion des réalités profanes dans le sacré céleste, et dès lors les artistes vont s’attacher à suggérer le chemin qui conduit au paradis. Les coupoles des églises, les perspectives vertigineuses et les trompe-l’oeil de l’art baroque guident le regard et l’âme vers les hauteurs du ciel, et font écho au ” ravissement ” que Jean de la Croix et Thérèse d’Avila tentent de décrire avec leurs mots. Le paradis s’éloigne peu à peu de la terre. La nouvelle cosmographie introduit le trouble sur sa localisation, et la lumière – jusque-là réputée manifestation divine – devient objet de science. Le ciel se déconstruit, mais non l’au-delà que les croyants définissent désormais comme une ” utopie “, c’est-à-dire comme un non-lieu, mais aussi comme une nouvelle vie où les hommes se retrouveront près d’un Dieu d’amour, dans une fraternité universelle. Jean Delumeau achève ainsi sa nouvelle enquête historique par une méditation sur l’espoir d’aujourd’hui. Ce livre vient clore la magistrale histoire de la civilisation chrétienne que Jean Delumeau a commencée il y a vingt-cinq ans. Depuis plus de vingt ans, Jean Delumeau, professeur au Collège de France, s’est fait l’historien des sensibilités et des sentiments. Après la peur, le pardon et le sentiment de sécurité, c’est aux conceptions de la béatitude éternelle et aux rêveries paradisiaques, esthétiques et littéraires, qu’il se consacre. Précédé par deux autres tomes (Le Jardin des délices et Mille ans de bonheur), ce troisième ouvrage tente “une réhabilitation du paradis chrétien” par l’évocation de la vision qu’en eurent les Occidentaux aux différentes époques. Guidés par les théologiens, les peintres et les poètes (ce que nous montre une fort belle iconographie) voient le Paradis comme une ronde dans un jardin fleuri (Fra Angelico) ou un tourbillon d’âmes prises dans la lumière du Très Haut (Le Corrège) visions relayées par celles vécues en extase d’Hildegarde de Bingen ou de Dante. Toute une somme d’éléments fixes (jardin, agneau mystique, Marie ou la Jérusalem céleste) et de formes constantes (le cercle) dont Delumeau se fait l’archéologue érudit et le contemplateur ébloui, et ce au fil d’un livre tout aussi savant que limpide et attrayant. Méditation close néanmoins sur le constat d’une “désaffection” à l’égard du paradis liée aux nouvelles conceptions scientifiques sur le ciel et la lumière ainsi qu’à l’émergence des espérances terrestres. Un livre qui fait, grâce aux traces qu’elle a laissées, l’histoire d’une nostalgie et d’une aspiration, celle de la grâce et du bonheur. –François Angelier

Disponibilité : 2 en stock

ISBN 13 : 9782213607146

ISNB 10 : 2213607141

Nombre de pages : 544

Éditeur : Fayard

État du livre : bon état

Reliure : broché

Poids : 805 gr

Largeur : 23.6 cm

Longueur : 15.29 cm

Épaisseur : 3 cm

Auteur : Jean Delumeau

L’édition livrée peut éventuellement différer de celle commandée.

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