Spaak

LA DEDICACE DE L’AUTEUR : Paul-Henri Spaak était belge et, aussi, européen, voire citoyen du monde. “Le seul homme d’Etat que le monde nous envie” disait de lui, mi riant, mi sérieux, certains parmi ses détracteurs. J’ai appris à connaître cet homme et me suis pris d’une très forte sympathie pour lui. Au delà de la mort et du temps, le charme, l’humour, la perspicacité et le côté breughelien du personnage m’ont séduit. Ayant moi-même, pour des raisons d’ordre familial, noué des liens étroits avec la France, j’ai été et suis encore interpellé par les relations que Spaak a entretenues avec ce pays, ses citoyens et ses dirigeants. Tantôt exaspéré par le traitement infligé aux “petits Belges”, tantôt ému par ce je ne sais quoi qui ne se trouve nulle part ailleurs qu’en France, Spaak a été, de la veille de la seconde guerre mondiale jusqu’à la fin des années 1960, une des personnalités étrangères à la France qui a le plus retenu l’attention de ses médias, notamment : pour le meilleur et pour le pire… Car étant si proches par la langue, la culture et tant de mémoire commune, nous sommes, aussi, trop souvent éloignés sur le terrain des projets communs. Je crois que cette biographie constitue une bonne illustration de cette double réalité. (Michel Dumoulin) Né en 1899, Paul-Henri Spaak est entré en politique comme on entre en religion. Il avait de qui tenir. Petit-fils de Paul Janson, fils de sénatrice, neveu d’un député qui fut Premier ministre, il devient député socialiste de Bruxelles à 33 ans. Il est alors ” Spaak le Rebelle “. Une courbe rentrante, le voici ministre à 36 ans et Premier ministre à 39 ! L'” enfant terrible ” du socialisme belge apprend le métier d’homme d’Etat dans le contexte de la crise économique, politique, sociale et culturelle des années trente. Vinrent la guerre, la débâcle et les décombres. Tandis que se noue la tragédie de la Question royale dont Spaak est un des principaux protagonistes, il faut dessiner l’architecture d’un monde nouveau. Spaak s’y emploie et sera, durant un quart de siècle, un acteur de premier plan de la construction européenne, du partenariat atlantique et des relations Est-Ouest, sans oublier son rôle déterminant dans la crise qui suivit l’indépendance du Congo en 1960. Pragmatique, chaleureux et charmeur, orateur de grand talent, ce socialiste humaniste parfois jugé versatile n’a pourtant jamais renié aucune de ses options fondamentales : la paix, la Belgique, l’Europe, la justice sociale.