The Dark Side of the Moon

Quelque part en Amérique latine, Anna Maria Mariol de Lagoa, journaliste ambitieuse, rêve d’écrire l’article qui lui permettra d’accéder à la notoriété. Après avoir interviewé un homme qui a été arrêté et torturé par le régime, elle a le sentiment de tenir enfin son trophée. « Un trophée noir, luisant. De quoi à jamais grimper en haut des marches. De quoi, à tout jamais, se libérer de soi. » Ce n’est que lorsque les phares d’une voiture qui la suit se rapprochent ostensiblement d’elle, sur une route de montagne étroite et parfaitement déserte, qu’elle s’en veut d’avoir agi seule et prend conscience du danger. Tandis qu’elle tente désespérément de saisir son portable, ses poursuivants doublent et se rabattent, elle est contrainte de piler contre le talus. En quelques secondes, l’une des vitres de son véhicule est brisée, ses poignets sont menottés dans son dos, une cagoule est enfoncée sur sa tête et la jeune femme est enlevée. « Ils sont pires que des chiens de garde. Tout est calculé. Même la façon de frapper. » À dater de cet instant, Anna Maria fait l’expérience des interrogatoires, de la prison, de la violence, de la peur, de l’humiliation, du viol et de la torture. Jusqu’au jour où un garde, pour des raisons qu’il ne parvient pas lui-même à s’expliquer, lui propose de prévenir son père contre une rétribution en nature… Chez Dominique Sigaud, l’écriture recouvre de sa propre émotion la force de la narration. Elle offre ici une réflexion profonde sur la vulnérabilité, la résistance et la barbarie. Anna Maria Maiol de Lagoa est journaliste. Elle vit à Guadaja del Sur, une ville imaginaire au bord de la mer. Par ambition, par naïveté, par arrogance ou peut-être de façon totalement suicidaire, cette jeune femme va se mettre en danger. Seule, et dans le plus grand secret – son courage doit être remarquable, son indépendance affirmée -, elle quitte la ville pour recueillir le témoignage d’un homme ayant survécu à la torture. Seule, elle note l’insoutenable sans même prendre le temps de regarder celui qui face à elle risque sa vie. Le récit terminé, les noms, les faits à jamais mémorisés, Anna Maria repart. Elle pense rejoindre la ville, écrire son article, publier. Elle n’aura pas le temps de prendre la mesure de son erreur, à peine le temps d’avoir peur… Un livre magnifique sur le passage insidieux entre l’orgueil et le mépris, l’assurance et l’arrogance. Un grand roman dans lequel la part animale de chaque personnage semble incarner l’humanité entière et ceci jusqu’au moindre repli de nos âmes. Journaliste indépendante, auteur de cinq romans, d’un essai et d’un livre jeunesse, Dominique Sigaud propose un terrifiant roman sur l’ambition, le mensonge, la peur et la part animale que chaque individu porte en lui.