Troubles fêtes

Dans la famille Agostari, riches bourgeois bordelais, tout est programmé depuis la naissance. Nul chemin de traverse n’est concevable. On évite soigneusement les sujets qui fâchent. Le suicide, par exemple. Voilà une manière de mourir vulgaire et inadmissible. Sauf que leur fille Patricia, hôtesse de l’air, est retrouvée morte écrasée au pied du bel hôtel particulier de ses parents. Sauf que Patricia écrivait de drôles de lettres à son “Papa chéri”, commissaire-priseur de son état. Il y est question de câlins très particuliers qu’elle a promis de ne jamais révéler à sa maman. Joëlle, l’inspecteur de police chargée de l’enquête, a bien besoin de l’aide du médecin légiste qui n’est autre que sa compagne Georgia. Plus vite elles en auront fini avec cette affaire glauque, plus vite elles pourront partir abriter leurs amours à Toronto. Intimités est le titre de cette première nouvelle d’un recueil qui en compte quatorze. Chacune d’entre elles révèle le grain de sable qui va enrayer la machine. Ses héroïnes (femme au foyer, caissière, maîtresse…) dévoilent un univers noir où les comportements sont subordonnés aux pesanteurs de notre société. Et lorsque les règles sont transgressées, lorsque le trouble fête sort de sa boîte à malices, le quotidien explose, la norme se brise… et la fête est finie. Grande dame du noir en France, Chantal Pelletier a obtenu le prix du Roman noir de Cognac 2001 pour son livre Le Chant du bouc. –Claude Mesplède LA DEDICACE DE L’AUTEUR : Quelques nouvelles des familles, des couples, des solitudes. Je voulais, à travers ces quatorze nouvelles noires, explorer l’intimité d’aujourd’hui. Débusquer les non-dits, les trahisons et les égoïsmes qui troublent les fêtes des rêves et des amours interdites. La nouvelle est une autre forme de littérature que le roman. Concision, rythme, il s’agit de tisser les fils de façon serrée, sans perdre son souffle dans des intrigues trop complexes. Lors des expositions de peinture, une salle est presque toujours consacrée aux gravures et dessins de l’artiste occupant les lieux. Pas de couleurs, pas de décorum, mais des représentations brutes où se retrouvent la densité des contrastes, la rigueur des formes, la fermeté du trait. Le trouble noir sous la fête des couleurs. (Chantal Pelletier) Elles sont troubles, ces fêtes qui célèbrent un nouvel amour, une cuisine neuve, l’adoption d’un enfant, un meuble hors de prix, une belle fin de carrière. Troublantes, ces liaisons fatales, ces lettres féroces, ces photos macabres qui délabrent familles ou couples presque parfaits. Entre rire et cruauté, enquêtes policières et explorations psychologiques, quatorze nouvelles troubles, quatorze fêtes noires.