Un papillon dans la peau

LA DEDICACE DE L’AUTEUR : ‘Un papillon dans la peau’ est le récit d’une amitié trouble et passionnée entre deux adolescents : L’un, Omar, se définit lui-même comme un jeune homme sans histoire, alors qu’en réalité, il n’a seulement pas conscience de sa propre histoire. L’autre, Alexandre, a une histoire dont il ne dit rien, mais qui imprègne chacun de ses gestes et de ses actes. Alexandre est le fils d’une mère dont on ne lui a jamais parlé et d’un mercenaire, qui vend sa capacité de meurtre à toutes les armées du monde. Il a confié Alexandre, quand il n’était qu’un bébé, à Assia, une femme peintre, qui l’a élevé dans l’amour des arts, des langues, de l’Histoire. Revenant d’un conflit qui l’a tenu éloigné pendant des années, le père veut soudain mouler à son image ce fils trop délicat, trop distingué, trop cultivé, qui lui renvoie, par sa seule existence, sa propre brutalité au visage. Omar, qui voue à Alexandre une admiration totale, assiste, impuissant, aux manoeuvres violentes du père. Il comprend quel secret fait du père, à jamais, un ennemi du fils. Alexandre tient tête, résiste, brille comme une comète avant de disparaître dans la nuit, laissant Omar béant, les yeux soudain grands ouverts sur un monde atroce. “Un papillon dans la peau” est un texte que j’ai longtemps porté sans pouvoir l’écrire. A me souvenir de mes troubles années d’adolescence, j’étais dans le trouble au point de ne pas trouver les mots. Je voulais parler d’amitié, d’une amitié particulière mais je craignais (ça n’a d’ailleurs pas manqué) que des regards réducteurs y lisent l’histoire d’une homosexualité naissante. Pourtant c’est l’inverse. Je veux dire : c’est l’histoire de la séparation radicale, du renoncement à la fusion. Je n’ai pu venir à bout de ce texte qu’en choisissant des héros masculins au lieu de héros féminins. Mon histoire acquérait à mes propres yeux une dimension universelle. Il n’était plus question de l’identification à la mère, difficile pour moi à évoquer, mais d’identification au père. Il m’a fallu ainsi renoncer à la fusion avec moi-même pour écrire cette histoire de renoncement à la fusion. C’est une histoire qui concerne les adolescents et les adultes. Aimer l’autre, c’est forcément renoncer à fusionner avec lui. C’est forcément le vivre comme Autre, irréductiblement différent. Vivre, c’est forcément se savoir différent des autres : parce qu’en se sachant différent, on peut identifier ce qui en nous est universel et nous lie à toute l’humanité. (Virginie Lou) Une amitié soudaine et bouleversante entre deux adolescents, Omar et Alexandre ; leur cavale éperdue pour échapper à un père brutal et autoritaire ; les premières déceptions, la douleur de la perte, la torture de l’absence… Sous la forme d’une longue lettre, Omar raconte le destin d’Alexandre, un destin à la Rimbaud, fulgurant, imprévisible. Car la cavale a une fin, et Alexandre disparaît, peut-être pour toujours. «Il renonçait à la poésie, au bonheur des vers, à la beauté. Il partait dans des colonies lointaines, faire du fric. Aventurier, marchand ou plus sûrement marchandise…» Que reste-t-il à Omar ? Des souvenirs, des images, des questions, le sentiment de n’être à sa place nulle part. Il passe le bac dans dix mois, il se sent vieux, il vient de vivre son plus grand amour.