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“On aboie en silence”, l’avis de Stéphanie

Il y a quelques temps nous vous avons annoncé la sortie du premier livre de Gringe.
Il nous y parle de la maladie de son frère et de sa relation avec lui.
C’est avec plaisir que Stéphanie s’est plongée dans ce roman, elle nous donne son avis :


“Quelle excitation d’apprendre qu’un de mes rappeurs préférés va s’essayer à l’écriture de roman!?

Un roman très intime sur sa vie au côté de son frère schizophrène.
Quel plaisir de découvrir cette oeuvre grâce à Livr’ensemble!

Ensemble, on aboie en silence”.
Guillaume Tranchant aka Gringe.


Voilà donc une lecture qui s’annonce palpitante dans mon planning.
Le titre est propre, prometteur. Bref, à la hauteur de son auteur (vous avez vu la paronomase?).

Mais bien qu’impatiente de le découvrir, j’ai aussi un peu peur d’être déçue… et oui, lire un auteur qu’on ne connait pas ne nous engage à rien.
C’est mauvais…c’est mauvais…mais lire un roman d’une “star” du rap à l’écriture généralement travaillée ne laissera pas place au même jugement.

Et voilà bien ma déception!
Je ne peux pas dire que j’ai aimé ce roman, toutefois je ne peux pas non plus dire qu’il est médiocre.


Allez, suivez-moi, je vous explique pourquoi:


D’abord, égal à lui-même, Gringe nous régale par son style: de belles phrases bien balancées, ni trop courtes, ni trop lourdes.
Là où d’autres en font des caisses, lui sait rester simple. On retrouve donc totalement son écriture dans ce roman.
D’ailleurs, de la même manière que sur “Enfant Lune”, son dernier album en date, l’auteur s’ouvre à une sensibilité qu’on ne lui connaissait pas forcément dans son duo épique avec Orelsan, les “Casseurs Flowteurs”.
Et il faut avouer qu’il est plaisant dans ce monde cartésien de voir que les émotions comptent et rendent l’art encore plus beau. Check réussi pour ce roman.

Entre autobiographie et analyse de la maladie, “Ensemble, on aboie en silence” permet de comprendre ce qu’est la schizophrénie et met surtout au jour la souffrance des familles.
Gringe démonte les clichés cinématographiques autour de cette pathologie. Et ça fait du bien! On pourrait lui reprocher d’avoir été trop succinct, mais honnêtement, je pense qu’il valait mieux.
En effet, le manque de cohérence entre les chapitres fait couler ce roman et même en étant très concentrée, la progression logique est parfois compliquée à appréhender. Il ne sera ainsi pas rare de se demander qui parle dans le récit…Guillaume ou son frère Thibault?

Pourtant dès le début, notre narrateur précise que son cher frère a refusé de participer au projet par conflit de loyauté envers ses voix, l’univers qui l’habite.
Malgré tout, parmi les bribes de récit de vie de Guillaume/Gringe, on est parfois confronté à des chapitres en italique où le narrateur devient Thibault, son frère. Ces passages sont surréalistes tout en relevant le fantastique caché dans la schizophrénie. Aucune indication cependant.

Au lecteur de supposer qu’il s’agit de Thibault. Parfois, je me dis que la lecture doit être complexe pour quelqu’un qui ne connait pas trop voire pas du tout cette personnalité.
Attention Gringe! à trop lâcher la main du lecteur, il y a le risque de le perdre!
Ce manque de fluidité dans l’oeuvre lui nuit gravement.
Heureusement quelques poèmes, presque des haïkus mis en image, viennent ponctuer le roman et c’est beau!

Je ne pourrais pas terminer cette chronique sans vous dire qu’à certains moments, on ne peut s’empêcher de sourire…c’est parfois drôle et tendre. Bref qui ne voudrait pas d’un frère qui l’aime autant et s’inquiète de sa santé au point de s’en rendre responsable?
Cela vous conduira sans doute à avoir envie de dire à Guillaume “Secoue-toi et arrête de te plaindre, tu ne pouvais et ne peux pas contrôler cette maladie…” mais la conclusion du roman y arrive d’elle-même… il faut vivre avec, c’est là l’éclair de génie : parvenir à faire comprendre au lecteur que la schizophrénie est un monde méconnu encore, une façon différente du cerveau de fonctionner, un monde inexploré fantastique mais qui n’est pas du tout irréel pour celui qui y est confronté.


Enfin, il faut signaler que ce roman dialogue avec une chanson du même nom à l’instru léchée, disponible sur toutes les plateformes et dont je vous cite un passage qui éclairera l’optique de ce roman:

“Laisse-moi te protéger du monde qui t’entoure
J’aimerais tant combler ce vide immense
Comment faire taire ce bruit qui rend sourd
Quand c’est le bordel que t’aboies en silence
Y’a ta tête qui frappe comme un tambour
Mes journées qui se changent en nuits blanches
Comment faire taire ce bruit qui rend sourd
Quand c’est le bordel, on aboie en silence.”


En définitive, l’excitation première a vite été étouffée dans l’oeuf. Vous connaissez Gringe? Lisez ce roman, il reste un document intéressant qui vient, à mon sens, éclairer son oeuvre et sa personnalité.
Vous vous intéressez à la schizophrénie de près ou de loin ? La perspective sur cette pathologie est vraiment digne d’intérêt. Mais si vous cherchez un roman pour vous divertir, passez votre chemin ou vous vous perdrez en cours de route.

Par Stéphanie Mauroit


« Ensemble, on aboie en silence » publié aux éditions Harper Collins paru le 09 septembre 2020. 

Ce livre n’est pas encore disponible sur notre site,
rendez-vous en librairie ! 

1 réflexion sur ““On aboie en silence”, l’avis de Stéphanie”

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