Ailleurs

Ce texte ciselé où aucun mot n’est en trop aborde la question de la mort avec beaucoup de finesse. Elle introduit un élément mystérieux qui en fait une lecture haletante. Dès les premières lignes, elle installe une atmosphère étrange qui n’est pas sans rappeler les histoires étranges de Henry James. Dans cette inquiétante étrangeté, le familier se trouve nimbé de mystère. Fuyant un mari violent, Olivia quitte l’Australie avec ses deux enfants. Au terme d’un long voyage, ils se réfugient dans l’imposante demeure de sa mère, en France. C’est la première fois qu’elle y revient depuis qu’elle l’a quittée des années auparavant, à la suite d’un violent désaccord concernant son mariage. A leur arrivée, ils se heurtent dans un premier temps à une porte close et doivent se faufiler à travers la grille pour entrer. Ils apprennent que la vieille dame attend également la venue du frère d’Olivia accompagné de sa femme, Sophie, et de leur nouveau-né. Le nourrisson est en réalité mort-né. Dans son désespoir, Sophie refuse de se séparer du corps de l’enfant qu’elle essaye d’avoir depuis plus de dix ans et qui doit être enterré dans le caveau familial. L’ombre d’un désastre plane. Les personnages parlent peu, la mère étant enfermée dans une froideur aristocratique. Tout provient du non-dit et de l’ellipse que Julia Leigh maîtrise à merveille. La tension est accrue par l’incompréhension des enfants qui s’interrogent sur l’absence de leur père, et à qui la logique de leur présence et la tournure prise par les événements échappe complètement. Seuls de petits détails indiquent que l’action se situe dans la période actuelle : le système de surveillance électronique, un téléphone portable. Ce séjour imprégné de mort sur les terres étranges de son enfance, va, après une terrible épreuve, inciter Olivia à se raccrocher à la vie. Dans cet univers fragile, riche en émotions, chacun tente de tenir bon tandis qu’un secret tragique les pousse vers un point de rupture. Conte noir et fascinant, Ailleurs est à la fois troublant, subtil et brillant. « Julia Leigh est une magicienne. Sa prose adroite diffuse une impression de contrôle serein tandis que la terre tremble sous nos pieds. » (Toni Morrison) « Ailleurs se passe en France, dans un France intemporelle qui pourrait aussi bien être la France du 20ème siècle que celle du 21ème siècle, et est centré sur un enterrement, une inhumation qui ne cesse d’être ajournée. L’une des réalités incontournables de la vie étant qu’à peine mort l’on commence à se décomposer, la tension est inhérente à l’histoire : combien de temps un groupe de personnes éduquées peut-il continuer à cohabiter ensemble poliment en présence d’un cadavre – même s’il s’agit d’un minuscule cadavre ? [.] Ailleurs est un court roman à la fois puissant et terrifiant. » (J.-M. Coetzee) « Ailleurs est un récit plein de suspense, chargé d’une mélancolie finement dosée. [.] Julia Leigh ne gaspille pas ses mots mais cela ne fait pas d’elle un écrivain minimaliste. Sa prose est à la fois économe dans son style et foisonne de détails. [.] Certains livres s’éternisent, d’autres s’éclipsent trop vite. Le lecteur reste sous le charme de ce livre longtemps après l’avoir refermé. » Meg Mundell, The Monthly « Quand, Le Chasseur, le premier livre de Julia Leigh a été publié en 1999, elle est apparue comme étant le genre d’écrivain dont rêve le monde mais que ce pays ne produit que très occasionnellement : une romancière qui, non seulement, écrit des phrases parfaites mais sait aussi raconter une histoire originale, pleine de suspense et passionnante. [.] Le second roman de Julia Leigh est diamétralement opposé à la constance du Chasseur. Cependant, la richesse de sa palette, sa rigueur et l’intensité du talent qu’elle déploie demeurent inchangés. Ailleurs est l’ouvre d’un artiste qui cherche la vérité avec stupeurs et tremblements. [.] Elle est l’un des écrivains australiens les plus doués de la scène littéraire depuis des années. » (Peter Craven, The Australian) Attention, grand talent ! L’Australienne Julia Leigh distille dans ce fulgurant roman une histoire sombre et lancinante qui n’est pas sans rappeler l’art de l’étrangeté tel qu’a pu le pratiquer Henri James en son temps. L’histoire en deux mots : Olivia débarque en France avec ses deux enfants pour fuir un époux violent. Elle s’installe dans la demeure maternelle, oppressante bâtisse au climat gothique, et rencontre sa belle-sour, mère d’un unique enfant malheureusement mort-né dont elle ne peut se séparer. Entre ses enfants qui ne comprennent pas leur présence en France et le cadavre d’un nouveau-né , où respirer sans étouffer ? Un livre plein de non-dits, merveilleusement troublant, où le macabre le dispute à la décomposition bourgeoise.