Alain et le nègre

“Nous sommes à Montmartre au tout début des années trente. Parmi les gens de la Rue, trois êtres, trois personnages : Alain, le petit garçon, sa mère, une femme vieillissante, et l’amant de cette dernière, Vincent, le bel Africain, jazzman et sportif. Au début de cette liaison, Alain déteste l’intrus. Il connaît des tourments fondés sur des confusions, des idées vagues et fausses. Autour de ces trois hôtes de l’arrière-boutique d’une épicerie-buvette, toutes sortes de gens : de l’amateur de boissons anisées aux bonnes dames qui font leurs courses, des copains d’Alain aux amis de celui qu’on appelle le nègre. Chaque journée est une petite aventure. Quelles vont être les relations d’Alain, l’enfant fragile, et de ce noir costaud et plein de fantaisie ? Là, il faut compter sur la, rencontre d’une enfance d’âge et d’une enfance de coeur. Ira-t-on de la détestation à la tendresse ? Rien n’est facile. Une confidence d’auteur : j’ai vécu cette histoire et je la rapporte avec fidélité. Sans doute, le temps d’une saison, Alain a-t-il trouvé là sa conception de la vie, des rapports humains. Je me suis bien gardé de toute démonstration, de tout didactisme. Il s’agit, avant tout, d’un roman fort proche de ceux que j’ai écrits en choisissant mes lieux préférés, un temps qui porte de la nostalgie, une action délimitée, ces trois unités… Et si ce roman d’hier concernait notre aujourd’hui ? La tendresse est de toutes les époques.” Alain, petit garçon sous-chef de la bande de la rue Labat, vit à Montmartre avec sa mère, épicière d’un certain âge. Seulement voilà: il y a aussi l’amant de la mère, Vincent, costaud jazzman africain. Alain déteste Vincent, influencé par toutes sortes d’idées reçues, peut-être aussi parce qu’il prend beaucoup de place auprès de sa mère. Le frêle enfant et le grand “nègre” fantaisiste jeune de coeur finiront-ils par se rapprocher? Dans ce décor des années trente, Robert Sabatier (de l’Académie Goncourt) raconte le plus fidèlement possible une histoire vécue, l’expérience d’un apprivoisement et d’un apprentissage de la vie. Il jette aussi un regard nostalgique sur une certaine époque, profitant de ce roman pour décrire les clients typiques croisés dans l’épicerie-buvette montmartroise: un “retraité des Galeries” amateur de Pernod, une femme de ménage, la mère Etienne qui a vécu en maison, La Cuistance, “vieille buveuse de ballons de vin rouge” mais cuisinière exemplaire. Avec une partie de son enfance, c’est tout un monde disparu qu’évoque tendrement Sabatier.