Croisière jaune

Lily Verdine, détective privée au bord de la faillite, n’a plus le choix ! Impossible de refuser ce boulot très ordinaire et limite déprimant. Alors coincer un mari volage, prendre quelques clichés croustillants… rien de bien I passionnant, mais les temps sont durs et les caisses vides ! Le problème, c’est que Lily, féministe tendance trotskiste, est une emmerdeuse obstinée qui adore mettre son nez partout et les doigts dans la prise ! En tirant sur le fil d’une banale affaire de moeurs, elle tombe sur un beau ramassis de crapules pour qui la vie humaine se négocie au rabais et plutôt à coups de 11.43… D’ici à ce que la croisière vire au jaune… il n’y a qu’un pas ! «… ZOLMA porte un regard acerbe sur le monde dans lequel nous vivons, sur sa fuite en avant, sur le cynisme de ceux qui profitent en toute impunité des dérives d’une société débridée qui permet, au nom du sacro-saint profit, les pires infamies. On rit jaune, mais on rit quand même !» PG Extrait du livre : Maryse Pradelles… Ma première cliente depuis la fin de l’été. Depuis près de six mois, autrement dit. Six mois sans turbin ! Un délai suffisant pour flétrir une épargne et désoler un expert-comptable. Et pour passer du vieux Bourgogne aux picrates de différents pays de la Communauté européenne. Elle m’avait appelée juste avant les fêtes, Mme Pradelles. Vers le solstice d’hiver. Je regardais la nuit monter par la fenêtre de mon bureau. Mes ressources s’amenuisaient, comme les jours. Ténèbres au milieu de l’après-midi, froid humide et perçant, fonds de roulement câlinant le néant, enfin, tout pour tomber dans un optimisme incurable. Heureusement qu’il y avait eu ce coup de fil. Maryse Pradelles m’avait sollicitée pour une histoire d’adultère. Une affaire banale comme une cage d’escalier à Aubervilliers. Sûr, c’était une aubaine. Mais voilà, j’avais voulu frimer. Je l’avais presque éconduite. Juste pour lui montrer que j’attendais pas après son intrigue minable. Une manière de la convaincre que j’étais dans l’élite des flics privés. Parmi ceux qui, d’ordinaire, refusent ce type de boulot. J’avais conclu par une formule du style : «Je vais voir ce que je peux faire pour vous. Mais uniquement pour pas vous laisser dans l’embarras. Et vu mon emploi du temps, ça sera sans doute pas possible tout de suite. Recontactez-moi dans une semaine ou deux, j’y verrai plus clair.»