I.R.$., tome 14 : Les Survivants de Nankin

Pris entre les griffes de la mafia chinoise et de la redoutable et néanmoins troublante Laroya, Larry B. Max se rend aux Philippines pour y retrouver une partie de l’or de Yamashita. Sous la contrainte d’un chantage qui peut le mener à sa perte, l’agent de l’I.R.S. n’a que quelques jours pour mettre la main sur un trésor disparu depuis plus de soixante-cinq ans. Celui-ci, dérobé pendant le massacre de Nankin, un fait de guerre dramatique ayant fait des milliers de victimes, semble avoir été englouti tout près des côtes. Tout en suivant la trace de cet or, Larry B. Max va parvenir à déjouer les plans machiavéliques de la mafia Ianfu. Quant à Laroya, il semble vouloir lui réserver un sort bien plus ambigu. Quatorzième tome de la série, Les Survivants de Nankin vient clôturer le diptyque initié par L’Or de Yamashita. Au-delà des multiples rebondissements que nous réserve le scénariste Stephen Desberg, cet épisode fait évoluer notre héros incorruptible sur la lame du rasoir. Et ça lui réussit plutôt bien ! Vengeance personnelle, accusation en tout genre, Larry B. Max évolue à ses risques et périls en dehors de son rayon d’action officiel et révèle, du coup, des fêlures qu’on ne lui connaissait pas. Le suspense et la tension sont superbement entretenus et on a rarement vu le personnage si prêt de basculer du côté obscur. Au-delà du développement psychologique intriguant réservé au héros, Stephen Desberg met en lumière un événement sombre, dramatique et méconnu de la Guerre sino-japonaise survenu en 1937 : le massacre ou viol de Nankin. C’est l’une des grandes qualités de ce scénariste précieux : parvenir à faire entrer la petite histoire dans la grande. Côté dessin, Bernard Vrancken semble profiter de l’ambigüité grandissante de son personnage pour radicaliser son style. Il privilégie de plus en plus l’ellipse en emmenant ses cases, et du même coup la narration, vers la déconstruction. Un éclatement qui colle finalement de manière opportune à l’état psychologique du héros. Vrancken poursuit également sa recherche sur le travail photographique, avec un résultat qui peut toujours faire tiquer mais qui tend à présent vers une certaine homogénéisation. Bref, autant de caractéristiques qui prouvent que les auteurs d’I.R.$, à l’image de Larry B. Max et son besoin d’émancipation, sont résolus à ne pas exploiter les mêmes recettes jusqu’à épuisement et à mettre leur création en danger. L’envie de faire évoluer le titre avait déjà offert les aventures d’I.R.S. All Watcher (7 épisodes à ce jour), et voila qu’une nouvelle série annexe est d’ores et déjà annoncée. I.R.S. Team, consacrée à l’environnement économique du football, verra Larry B. Max associé à Laroya, Mia Maï (All Watcher) et aux deux personnages principaux d’Empire U.S.A. (une série signée Desberg pour Dargaud). Il ne reste plus que quelques jours à Larry B. Max pour accomplir l’impossible : retrouver l’or des Yamashita, le trésor de la triade Ianfu, disparu à l’issue de la seconde guerre mondiale ! Ce délai passé, l’agent de l’I.R.S. peut dire adieu à sa carrière et à sa liberté. Pour ne rien arranger, le jeune héritier des Mayuzumi, ennemis historiques des Ianfu, entend lui aussi récupérer cet « héritage » par tous les moyens nécessaires. Et tout ce que Larry sait, pour l’instant, c’est que le précieux chargement aurait été fondu en trois Bouddha géants. Le genre de réalisation qui ne passe pas inaperçue, et pourtant… En débarquant à Bangkok pour en finir avec l’assassin de Gloria, Larry B. Max ne savait pas qu’il mettait les pieds sur le territoire de Master Ianfu, éminent membre des triades chinoises. Fort obligeant, ce dernier lui livre la tête du meurtrier. En échange, il lui donne dix jours pour accomplir l’impossible : retrouver l’or des Yamashita, son trésor familial, disparu à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale. Dix jours, pas un de plus. Faute de quoi l’I.R.$. et le F.B.I. recevront un dossier à charge sur la vendetta personnelle de Larry… Desberg et Vrancken égrènent les heures, et mettent nos nerfs à rude épreuve !