Le Travail du Furet

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes du XXIe siècle. La santé de la population ne cesse de s’améliorer ; toutes les statistiques le prouvent. Le problème, c’est de maintenir les grands équilibres. Pour y parvenir, il faut supprimer 400 000 citoyens par an dans l’Hexagone. Choisis avec art et méthode par le Grand Ordi, qui chaque matin procède à un tirage au sort morbide. Le travail des Furets consiste à liquider, pas forcément en douceur, tous ceux dont la vie doit prendre fin au bénéfice de la communauté. Un boulot comme un autre, en somme. Avec des avantages. Jusqu’au jour où un certain Furet, grand amateur de films noirs du XXe siècle, découvre sur sa liste le nom de Jos. L’amour de sa vie. Jean-Pierre Andrevon, au sommet de son talent, livre ici à la fois une description réaliste d’un avenir effrayant et un pastiche, éblouissant de verve et de rebondissements, d’un roman noir propulsé dans le futur. En 2064, les progrès de la politique sanitaire sont tellement spectaculaires que les décès pour cause de maladie ont radicalement diminué. C’est le meilleur des mondes en somme, à un détail près : le risque de surpopulation. L’ordinateur central Atropos désigne donc chaque année de manière aléatoire les 400 000 citoyens qui doivent être éliminés par les Furets, sortes de fonctionnaire- tueurs à gages officiels du gouvernement. C’est ici l’histoire de l’un de ces furets, un homme sympathique, cinéphile et plein d’humour qui fait son travail consciencieusement, sans état d’âme jusqu’au jour où on lui met dans l’idée que le tirage au sort pourrait bien être truqué et surtout jusqu’au jour où il découvre son amie Jos, sur la liste des surnuméraires à liquider. Écrit il y a plus de vingt ans d’après une nouvelle publiée en 1975, cet étonnant roman noir d’anticipation n’a rien perdu de son actualité.