PEINTURE FRAICHE

Claire ? Tout le monde vous dira qu’elle sait tout faire. Fonceuse, dynamique, organisée, elle n’a pas encore rencontré de challenge impossible. Apprentie comédienne, Lorna, quant à elle, attend son heure de gloire, se bat vaillamment contre les ignominies de son existence et ne trouve de réconfort qu’auprès de Claire, sa confidente de toujours. Mais pour une fois c’est Lorna qui doit soutenir son amie : Claire hérite d’un charmant cottage qui va devenir un cauchemar intégral. Brinquebalant, décrépi, occupé par un vieillard irascible – et son cochon de compagnie -, Paradise Cottage pourrait bien s’avérer le défi de trop. À moins que son beau voisin ne lui donne un petit coup de main… «Un bijou d’humour “british”» L’Alsace Également chez Pocket : Jusqu’aux yeux… et Mariée à tout prix. Extrait du livre : Il était une fois… «Les Télétubbies sont invités à entrer en scène, les Télétubbies, s’il vous plaît…» La voix sortant des haut-parleurs retentit d’un bout à l’autre du domaine de Brockbourne, si tonitruante que les moutons du pré voisin lancèrent des bêlements de protestation. Mais personne ne les entendit : ils étaient couverts par les cris de plusieurs centaines d’enfants, qui poursuivaient en direction de la tente du goûter un homme affublé d’un costume de brontosaure en caoutchouc. – Ben, mon vieux ! fit Lorna Walsh d’une voix essoufflée, en gravissant péniblement les dernières marches du deuxième palier. C’est toujours comme ça ? Claire coinça un carton rempli de livres entre son genou et son menton, libérant une main pour ouvrir la porte de l’appartement. – Ce n’est pas à moi qu’il faut le demander, répondit-elle d’un ton enjoué. Officiellement, je ne travaille pas ici avant demain. Elle entra d’un pas chancelant, suivie de Lorna qui traînait des deux mains une immense valise. – Je ne comprends pas comment tu peux avoir envie de bosser ici, poursuivit Lorna. Comment quiconque pourrait en avoir envie, d’ailleurs. – Pourquoi ? C’est bien payé, et puis ça me fait changer de décor. – Changer de décor ? Mais c’est une maison de fous ! Je te dirais bien de prendre tes jambes à ton cou tant qu’il en est encore temps, mais je ne me vois pas trimballer à nouveau tout ton barda. Plantée au milieu de l’appartement, Claire observa les lieux. Son nouveau chez-elle. Deux vastes pièces, une salle de bains et une kitchenette pour elle toute seule, de jolies fenêtres sorties tout droit d’un tableau de Rossetti et une moquette si épaisse qu’on pourrait y perdre ses orteils. Habiter sur son lieu de travail avait parfois des avantages. – Mais non, Lorna, ce n’est pas toujours comme ça ! La plupart du temps, il y a des conférences, des séminaires, des trucs de ce genre. Aujourd’hui, c’est une fête pour les enfants, les clients sont forcément un peu… remuants. – Prends garde aux animaux et aux enfants, ma belle, avertit Lorna. Crois-moi, ils n’apportent que des problèmes. J’en sais quelque chose, j’ai été le train arrière de la vache Esmeralda, à Skegness. – Ce n’est pas exactement le même poste que responsable des opérations dans un lieu de conférences prestigieux, si ? – Prestigieux ? répéta Lorna en éclatant de rire. Apparemment, tu ne t’es jamais fait arracher la queue par une bande de petits vandales de six ans ! Elle tira la valise surchargée sur un dernier mètre, la lâcha au milieu de la moquette et se laissa tomber sur son couvercle renflé. Extrait du prologue