Petit livre à l’usage des pères

Ce petit livre est destiné à tous ceux qui, ayant engendré un enfant, veulent en être non seulement le père, mais le ” papa “. Etre père, ce n’est pas seulement remplir un rôle social auprès de l’enfant, mais tenir une place spécifique au cœur de son inconscient : c’est servir de support à la fixation œdipienne de la fille (dont ce sera le premier attachement amoureux) ou servir de support à l’identification masculine du garçon (c’est-à-dire de premier repère de masculinité dans la vie d’un homme). Le lien avec le père se fait au départ, comme pour la mère, par les seuls sens, puis par la parole et c’est de ce lien que naîtra la confiance d’abord du corps, puis du cœur. Les fonctions des deux parents sont donc synchrones et parfois antagonistes ; elles contribuent à l’équilibre psychique de l’enfant. Or, voici que de nos jours, de plus en plus de pères sont ” mis au placard “, cependant que les mères prennent le droit de rapter, détourner l’enfant de celui qui l’a engendré. On dirait que les femmes ont priorité sur les enfants parce qu’elles ont choisi de les faire, accepté de les porter, décidé (du moins était-ce le cas naguère) de tout leur sacrifier… Et les pères ? N’ont-ils rien décidé, rien accepté, rien rêvé à propos de leurs enfants, et peuvent-ils accepter d’être écartés sans ménagement de ceux qu’ils ont conçus ? L’auteur des “Fils d’Oreste” s’inquiète du droit que s’arrogent certaines mères à “rapter” leurs enfants, cependant que nombre de pères ont, selon elle, démissionné de leur fonction. Négligeant la relation quotidienne, dédaignant de gronder ou punir pour être “gentil”, ceux-ci s’aperçoivent trop tard, notamment en cas de divorce, qu’ils n’ont pas “mis le prix pour se rendre indispensable”. Le résultat est sans appel : “L’enfant rechigne souvent à quitter sa mère, et, dans les dix ans (…), un tiers des enfants ne voient plus leur père.” Pour Christiane Olivier, la construction d’une relation authentique père-enfant passe par des mesures pratiques, comme un congé paternité d’un mois ou des aménagements d’horaires pour les jeunes pères dans l’entreprise. Le pouce ou la sucette sont-ils de mauvaises habitudes ? Un père doit-il avoir le même avis que la mère sur tout ? Dans un dialogue clair et enlevé avec les pères, Christiane Olivier répond à ces questions et à bien d’autres. Elle retrace les différentes étapes de l’éveil de l’enfant au monde en soulignant les fonctions que remplit le ” papa ” dans la formation inconsciente de son enfant. Quelques excès agacent parfois. La description apocalyptique de l’enfant laissé à la crèche plus de quatre heures par jour sans voir ses géniteurs est un modèle du genre. L’ensemble demeure très instructif, même pour les mamans.