Amélie est psychologue spécialisée dans la petite enfance et travaille dans une institution qui accueille des enfants placés par le juge.
Depuis trois ans, Amélie écrit et travaille sur différents projets d’écriture.
Pourquoi avoir écrit un livre sur les émotions?
“J’ai choisi d’écrire un livre pour enfants parce que, depuis toujours, je suis touchée par les enfants et l’importance de s’adresser à eux. Ça a toujours fait partie de mon métier et de ma vie de parler et d’aborder avec eux des sujets face auxquels certains adultes ont parfois du mal. Il me semble que la société dans laquelle nous évoluons ne valorise, ni ne favorise, l’écoute et l’expression des émotions. C’est à cette question que j’essaye de répondre en m’adressant aux enfants, mais ce livre peut aussi être utile aux adultes et leur donner des pistes pour aborder des sujets “sensibles” avec les enfants.
La symbolique de la tortue semble avoir été un choix évident pour Amélie, la carapace de Charlie incarne facilement la symbolique du masque derrière lequel on se réfugie pour cacher ce qui nous traverse. Telle une maison interne et intime dans laquelle on trouve refuge.
Pour Amélie, il est plus qu’utile, voire même indispensable, pour la santé mentale des enfants d’apprendre à “être” tout simplement.
“Il n’y a pas d’émotions négatives ou positives, elles font partie de ce que nous sommes et apprendre à les apprivoiser me semble fondamental.”
Charlie adore jouer et lire des histoires.
Il a une grande famille et il aime aussi s’amuser avec ses frères et sœurs. Parfois, comme toutes les petites tortues, Charlie a du chagrin.
Et ce chagrin, il le range dans un petit ballon qu’il a près du cœur avec tous ses autres tracas. Jusqu’à ce que le ballon déborde…
Petite histoire à propos des émotions et de la nécessité de les exprimer et de les écouter.
Stéphanie, jeune maman de deux petites grenouilles de 6 ans, vous en parle:
“C’est en en compagnie de mes filles de 6 ans que j’ai découvert une petite histoire bien intéressante dont la thématique est de plus en plus abordée dans les livres pour enfants : la gestion des émotions.
Certes, je ne suis pas psychologue comme l’auteure, mais je vous apporte mon regard de maman sur “Le petit ballon de Charlie” d’Amélie Dieudonné.
D’un point de vue matériel, je ne peux pas dire que ce livre m’attire, les illustrations sont en fait des photos mélangeant jouets pour enfants et personnages dessinés à la main. La couverture représente cependant l’essentiel : la tortue Charlie, un cœur et un ballon plein de larmes.
Le choix de la tortue n’est évidemment pas anodin, nous sommes curieuses de découvrir la suite.
Après cette nouvelle lecture, les filles sont capables de m’expliquer que Charlie a accumulé près de son cœur, dans un ballon, tous les chagrins qu’il a vécus, qu’il se confie à sa maman lorsqu’il sent que cela va déborder et que cela l’aide. Avoir choisi une tortue comme personnage principal est bien pensé, mais il me semble que cela n’est pas suffisamment exploité.
En effet, Charlie se réfugie dans sa carapace, il se sent surpassé par ses émotions, mais rien n’est dit sur le fait que cela semble le protéger alors qu’en réalité cela lui nuit.
Et c’est pour nous là qu’il manque des éléments !
De plus, les filles, tout comme moi, avaient imaginé que le ballon allait exploser, ce qui n’est pas le cas. Il faut reconnaitre que le choix du ballon est pertinent : il est gonflable et s’adapte à ce qu’on y met tout en ayant une limite. Un ballon trop gonflé explose !
Pourtant lorsque Charlie n’a plus de place dans son ballon, il se contente de mettre ses émotions dans son ventre. Encore une fois, l’idée est pertinente : les émotions que nous n’exprimons pas ont un impact sur notre santé physique aussi.
Toutefois, la mise en place ne me semble ici pas aboutie voire pas cohérente. Je m’explique. N’aurait-il pas mieux valu que le personnage remplisse son ballon avec ses chagrins et, qu’en gonflant, le ballon prenne de plus en plus de place, appuyant dans le ventre sur l’estomac, les intestins et rendant ainsi Charlie malade ? N’aurait-il pas été intéressant de montrer plutôt que d’esquisser ces douleurs que peuvent provoquer des émotions non exprimées ?
De même, une fois le ballon trop gonflé, il aurait pu exploser, faisant ressortir, sous forme d’une crise très forte tous les chagrins de Charlie. Un autre point m’a également chiffonnée : la façon dont le petit exprime ses émotions.
D’une part, on ne visualise pas qu’un enfant plein d’émotions sera plus difficile, notre petite tortue joue avec ses frères et sœurs en cachant son chagrin.
Quel parent n’a pas vu son enfant faire des bêtises sans qu’on puisse l’expliquer, parce qu’il garde en lui des choses qui le froissent ?
D’autre part, Charlie vide son sac auprès de sa maman et puis repart jouer comme si de rien n’était.
Je suis ici déçue de découvrir que c’est encore la figure de la maman qui est utilisée. L’enfant aurait très bien pu exprimer ses émotions avec quelqu’un de confiance. Pourquoi ne pas imaginer la scène à l’école, par exemple, auprès de son instituteur ou de son institutrice ?
C’est cette notion qu’il me semble également important d’aborder car si exprimer ses émotions est nécessaire, il ne faut pas oublier qu’il faut le faire auprès d’une personne qui sera à même d’accueillir ce flot.
C’est là que le propos est simpliste, ce qu’il faut faire comprendre à l’enfant, c’est qu’il peut partager ses émotions – et avant que le ballon ne soit trop plein ! – avec des personnes de confiance.
Nous pouvons enfin souligner que les dernières pages, présentant ce qu’il faut retenir de cette histoire, sont essentielles dans ce qu’elles disent. Pourtant, elles ne présentent pas d’illustrations, ce qui est un frein. De plus, la longueur de ces explications me semble peu appropriée pour un enfant dès 3 ans comme cela est suggéré en 4e de couverture.
L’objectif n’est pas atteint, le message ne passe pas car l’enfant n’a rien auquel se raccrocher pour rester concentré. Je dirais donc qu’il est essentiel d’accompagner la lecture par une discussion avec l’enfant pour compléter l’information donnée.
En conclusion, voilà un petit album intéressant parmi d’autres livres car il traite d’un sujet fondamental. Les métaphores sont bien choisies, la carapace de la tortue et le ballon, mais pas suffisamment exploitées. Oserais-je dire que cet album manque de travail ? En effet, il n’égalera jamais d’autres œuvres magnifiques comme le très connu “La couleur des émotions” d’Anna Llenas, surtout si vous l’avez dans la version pop-up, ou encore “Dans mon petit cœur de Jo” Wittek. Ces deux dernières lectures présentent plutôt les différentes émotions que l’on peut ressentir sans, il est vrai, aborder l’expression de celles-ci.
Mon point de vue de maman est donc celui-ci : présenter les émotions à vos enfants au travers de belles lectures et discuter avec eux pour leur faire comprendre qu’exprimer ses émotions est sain avec une personne de confiance. Pour ma part, je ne garderai pas l’album d’Amélie Dieudonné dans ma bibliothèque mais je suis contente qu’il puisse avoir généré une discussion avec mes filles.
Amélie a également écrit le livre “La chute cette belle envolée”, L’Harmattan
Elia, vingt-six ans, amoureuse, psychologue, s’épanouit dans une vie agréable. Un jour, brutalement, son quotidien chavire. Le froid s’empare de son corps, son sourire s’éteint. Dans ce roman, Amélie Dieudonné s’aventure sur les traces d’Elia, une jeune femme qui lutte pour survivre, qui lutte pour se défaire d’un job destructeur, d’une relation fanée, du carcan sociétal dans lequel elle étouffe, qui se bat pour rallumer la flamme au creux de son coeur : être soi, explosive, étincelante.
Pour retrouver le livre jeunesse d’Amélie Dieudonné, cliquez ici