L’Analphabète

Eunice Parchman est un être frustre qui a réussi à cacher au monde entier son illettrisme. Si elle avait pu continuer à vivre dans son monde mystérieux fait d’instinct et de sensations, sans que soit révélée son absence d’instruction, elle ne serait probablement jamais devenue une meurtrière. Malheureusement pour elle, ceux qui l’employèrent étaient des gens particulièrement cultivés et ils moururent tous pour cette raison. Eunice fut arrêtée pour ce crime, car il eût fallu qu’elle sache lire pour éliminer la pièce à conviction qui lui fut fatale. Ce chef-d’oeuvre du roman criminel, adapté au cinéma par Claude Chabrol (La Cérémonie), entraîne le lecteur dans les méandres d’une psychologie réduite à ses impulsions et à la mise en oeuvre des nombreux subterfuges destinés à masquer un handicap. Cette plongée dans la cécité du monde de l’analphabète est une véritable descente aux enfers. –Madeleine Sorel Ils n’étaient pas plus méchants que d’autres, les Cover-dale. Ce couple aisé, cultivé, amoureux, menait une existence paisible dans un élégant manoir de la campagne anglaise. Ils avaient même trouvé, avec Eunice, la domestique idéale : polie, effacée, ne rechignant jamais devant le travail. Pourquoi, comment Eunice va-t-elle être amenée à décrocher un fusil et à perpétrer un véritable massacre ? C’est ce que la romancière de L’Eté de Trapellune et Jeux de mains nous conte dans ce roman porté à l’écran par Claude Chabrol sous le titre La Cérémonie (1995) et magistralement interprété par Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert. Un thriller particulièrement envoûtant, qui est aussi un cri d’alarme face aux drames secrets de l’exclusion sociale.