Le miroir aux mensonges

Quand sa demi-soeur Meredith trouve la mort dans des circonstances troubles, Leonora Hutton, bibliothécaire, ne peut s’empêcher de penser à un meurtre. Dans la petite ville de Wing Cove, en Californie, Meredith traînait en effet une réputation sulfureuse de redoutable séductrice doublée d’une virtuose de l’arnaque. Son dernier coup en date ? Un million et demi de dollars dérobés dans la caisse d’une fondation pour la recherche. Cet argent, justement, Thomas Walker, frère du président de la fondation, aimerait bien remettre la main dessus. Pourquoi ne pas envisager un marché ? Si Leonora l’aide à retrouver le magot, il démasquera l’assassin de sa soeur. La jeune femme accepte volontiers, d’autant que l’homme est terriblement séduisant. Mais cet échange de bons procédés ne tarde pas à prendre un tour imprévu… Également chez Pocket : Passionnément, à la folie; La maison de verre; Le feu aux poudres et L’ombre du doute. Extrait du livre : Un an auparavant… Les hallucinations s’intensifiaient à une allure folle. Elle s’arrêta au sommet de l’escalier pour tenter de reprendre ses esprits. Le corridor aux sombres miroirs se perdait à l’infini, tel un sinistre train fantôme peuplé d’ombres nocturnes et mouvantes. Il lui fallait absolument se frayer un chemin à travers ce paysage déroutant avant de perdre ce qui lui restait de lucidité. Les perspectives et les angles du couloir se liquéfiaient, prenant des formes étranges qui lui rappelèrent les rubans de Möbius. Des boucles sans commencement ni fin. Combien de temps pourrait-elle encore rassembler les fragments épars de sa conscience ? Elle ne devait pas sombrer dans le sommeil. Pas maintenant. Elle avait encore quelque chose à faire. Quelques instants auparavant, la lumière avait vacillé puis s’était éteinte. Aux deux extrémités de l’interminable couloir, la lueur des étoiles filtrait à travers d’étroites fenêtres. Un peu plus loin dans le passage tortueux, elle vit nettement un éclat argenté. L’entrée de la bibliothèque. La quatrième porte à gauche. Il n’y avait plus une seconde à perdre. Si elle parvenait jusque-là, elle pourrait laisser un message. – Bethany ? La voix de l’assassin s’élevait des ténèbres de l’escalier. – Où es-tu ? Laisse-moi t’aider. Tu as vraiment envie de dormir, n’est-ce pas ? Un frisson de panique glacé la parcourut un instant, lui donnant l’énergie nécessaire pour combattre les effets du poison. Elle étreignit la bandoulière de son sac, avança de quelques pas dans le hall et s’arrêta de nouveau. Qu’avait-elle à faire de si important ? Au pied des marches, tout lui avait semblé clair. Mais à présent, sa lucidité l’abandonnait. Elle contempla le plus proche des douze miroirs noirs accrochés aux murs. Son cadre doré et sculpté datant du XVIIIe siècle se remarquait à peine dans la pénombre. Elle examina sa surface sans fond, à la recherche de bribes de souvenirs. Il lui restait une mission à accomplir. – Je peux t’aider, Bethany. Elle crut voir des ombres bouger dans le vieux miroir. Une image prit forme pendant un instant. La bibliothèque. Elle devait se rendre à la bibliothèque. Oui. C’était ça. Elle devait y parvenir avant que l’assassin ne la retrouve. Un chiffre émergea en tourbillonnant du fond de sa mémoire. 4. La porte de la bibliothèque était la quatrième à gauche. Extrait du prologue