Naguerre

François Dupuis choisit de faire le roman allègre d’un gamin frondeur qui a passé son enfance dans un petit village où l’on retrouve l’atmosphère des films dans lesquels Fernandel incarnait Don Camillo. A Fortillon, où vit le jeune Jean-Louis Montbrial, avec sa nombreuse famille (ils sont les grands bourgeois du lieu), s’affrontent calotins (dont les Montbrial) et laïcards. Même les papistes ne sont pas d’accord entre eux, le curé Bouton goûtant peu les méthodes de l’abbé Corbise. Avec la guerre la “petite bourgade, où l’on se marrait bien (…) était devenue toute frileuse et recroquevillée”. La guerre finira, mais l’insouciance ne reviendra jamais vraiment. Et Jean-Louis sera adulte, comme il le découvre au cours de ce récit, qui a le charme d’une certaine naïveté. “La seule fois où j’ai aimé la guerre, c’est le jour où elle est arrivée. J’étais bon pour une fessée. Elle m’en a sauvé.” Le narrateur, Jean-Louis, se rappelle le petit village de Fortillon où il passe son enfance avant-guerre. Issu d’une famille nombreuse où les personnages pittoresques ne manquent pas, il hume goulûment les parfums de la campagne, décrit malicieusement les clans opposés (ceux qui croient au Bon Dieu et ceux qui n’y croient pas) et l’union sacrée devant l’invasion allemande. Il fait les quatre cents coups avec son frère Luc. Les farces, les chapardages, les premières amours constituent la trame de cette chronique, émouvante et drôle. La guerre va bouleverser cet équilibre. François Dupuis a été longtemps journaliste.