Premier printemps de prague (Le)

Heda Kovály est née à Prague dans une famille juive sans histoire. En 1941, elle est déportée dans un camp de concentration dont aucun des siens ne reviendra. De ces années elle raconte ici, en quelques pages pudiques, l’horreur. Elle réussit á s’évader et revient à Prague. La ville est toujours occupée. Elle se cache jusqu’à l’insurrection contre les Allemands en mai 1945. La vie reprend alors: c’est le premier printemps de Prague.

Elle retrouve Rudolf Margolius, son amour de jeunesse, revenu lui aussi des camps. Il est membre du parti communiste tchèque, bientôt nommé ministre. Hier réprouvée, voici donc Heda devenue une notable du régime communiste dont elle décrit ici sans aménité les servitudes, les vanités et les aberrations.

Cette trêve sera de courte durée, interrompue par les persécutions staliniennes. Rudolf Margolius figure parmi les accusés du fameux procès Slansky en 1952. Dans une sinistre mise en scène préparée depuis Moscou, il est jugé, condamné á mort, exécuté.

Pour Heda c’est à nouveau l’exil, dépouillée, humiliée, sans ressources, cette fois dans son propre pays. Plus tard, les révélations sur les crimes staliniens entraînent la réhabilitation des victimes, mais elles ne sauraient ramener les morts, ni effacer les souvenirs. Le «printemps de Prague» fera momentanément renaître l’espoir que viendront écraser, en août 1968, les chars de l’armée Rouge. Cette fois, c’est elle qui choisit de partir. Pour de bon.

De ces souvenirs désenchantés, Heda Kovály a composé un livre dont la beauté est comme la consolation mélancolique du malheur, récit d’une femme, d’une ville, d’un chapitre aujourd’hui refermé de notre histoire récente. La voix de Heda Kovály en restitue les échos déjà assourdis avec grâce, lucidité et un infini courage.